Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/58

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de tout esprit et de tout « être[1] », celui qui, comme le proclame Salomon, « n’a point d’habitation sur le globe et que les cieux des cieux ne sauraient contenir[2] », celui enfin que les docteurs juifs appellent « le lieu », parce que, disent-ils, « il est le lieu du monde, tandis que le monde ne saurait jamais être le lieu où Dieu pût être enfermé[3] ».

Ainsi, pas un seul des attributs métaphysiques de Dieu n’a échappé au Judaïsme. Dieu est pour lui l’être nécessaire, subsistant par lui-même, de toute éternité ; souverainement simple, unique, remplissant l’immensité des mondes de sa présence, immatériel et possédant des perfections que nul autre être ne possède au même degré que lui ; de plus, parfaitement spirituel en tant qu’il est le Dieu de tous les esprits, le principe de la raison humaine, le soleil auquel s’éclairent toutes les intelligences.

Mais, s’il est vrai de dire que, sous le rapport de tous ces attributs métaphysiques de Dieu, le Judaïsme a légué des idées toutes formées aux deux religions qui sont issues de son sein, peut-on en dire autant des attributs moraux, tels que la justice et la bonté du Créateur ? La doctrine juive les a-t-elle conçues avec la même clarté, les a-t-elle exposées avec la même netteté, la même largeur, la même profondeur de vues, ou bien serait-on en droit de soutenir qu’à l’égard de la justice, de la bonté, de la sainteté divines, il lui restât à apprendre quelque chose des doctrines chrétiennes et musulmanes qui, on le sait, ont prétendu venir après le Judaïsme, non pas tant pour confirmer ses enseignements, que pour les rectifier et pour les compléter ?

Certes, nous nous empressons de rendre pleinement témoi-

  1. Nombres, chap. XVI, v. 22.
  2. 1er livre des Rois, chap. VIII, v. 27.
  3. Misdraschi Raba, section Vajetzé.