Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/70

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suivant des lois sages et parfaites, se réservant d’y rappeler ceux qui s’en écarteraient.

Ce n’est qu’en second lieu et à la suite d’une infraction faite à l’ordre établi par elle que la justice de Dieu est devenue ce qu’on la suppose être généralement, nous voulons dire le pouvoir qui redresse, qui corrige et qui punit. En la considérant sous ce nouveau point de vue, ne peut-on pas affirmer que le Judaïsme a mis les soins les plus minutieux à la dépeindre ? Quel est celui des livres de l’Écriture Sainte qui n’en parle en termes clairs et précis[1] ? Quel est aussi le traité du Talmud où on ne lui rende hommage ? Ici, par exemple, on voit les docteurs de la Synagogue ériger en principe que le juge qui rend un arrêt équitable doit être considéré comme s’il avait aidé Dieu dans la création du monde, car, réprimer la violence, le crime, c’est concourir au maintien de l’ordre. de l’harmonie universelle[2]. Là, les rabbins déclarent que Dieu ne saurait frustrer aucune créature de la récompense qu’elle a méritée[3], comme aussi il ne saurait lui infliger une punition sans cause légitime. « Il n’y a, disent-ils, point de souffrance qui accable un mortel dont celui-ci n’ait à faire remonter la cause à lui-même. Il est écrit au livre de Job L’injustice ne peut être attribuée à Dieu. De là, il faut conclure que si l’on souffre, c’est toujours avec raison. Si quelqu’un perd la vue, il ne doit en accuser que lui-même ; de coupables excès lui ont valu sans doute cette précoce infirmité ; il en est également ainsi de celui qui s’est attiré le mépris de ses semblables ou qui est tombé dans la misère. Tous sont les auteurs, les artisans de leur propre

  1. Voir Proverbes, chap. II, v. 16 : Job, chap. 8, v. 13 ; Is., chap. V, v. 16 ; Ps., chap. XCII, v. 16.
  2. Talmud Schabbath, p. 10.
  3. Talmud Pesachim, P. 118.