en particulier à un Dieu spécial. L’effrayante multiplicité des divinités anciennes provient précisément de là. C’étaient autant d’êtres fictifs placés par l’imagination des peuples au-dessus de la nature, et qui étaient censés gouverner, diriger et amener tous les phénomènes physiques qui s’accomplissent dans le monde.
Le Judaïsme n’avait donc pas à créer l’idée de la Providence, en tant que cette idée exprimait la puissance ou les puissances célestes qui fournissent régulièrement aux créatures ce dont elles ont besoin. Mais s’il n’avait pas à la créer, il avait à l’épurer, à la ramener vers son véritable objet : vers l’Être suprême, unique, à qui seule elle est applicable. A défaut de création, c’était une régénération à opérer. La tâche ne manquait ni de noblesse, ni même d’attrait. N’était-ce pas encore assez de réunir, dans une sorte de synthèse, toutes les opinions diverses qui avaient cours sur l’action variée de Dieu dans le monde, et dont chacune avait donné naissance à une autre divinité ? Travailler à substituer l’adoration d’un seul Dieu aux cultes divers que l’on rendait sur les différents points du globe, ici à Cérès et à Triptolème, là à Apollon, à Éole et à Neptune, était-ce donc chose de si peu d’importance ? La doctrine juive ne paraît pas l’avoir cru, à en juger du moins par l’infatigable insistance qu’elle met à ramener à une seule et même cause tout ce qui apparaît dans l’Univers.
Certes, nous ne taririons pas, si nous voulions citer ici toutes les belles pages que les poètes et les prophètes de la Bible ont écrites sous l’inspiration de cette vérité que Dieu donne journellement à la création tout ce qui est nécessaire à sa subsistance comme à sa durée infinie. Rien que le livre de Job serait déjà une mine inépuisable d’où nous pourrions tirer, sous ce rapport, des tableaux tous plus éloquents et plus expressifs les uns