Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/89

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un ordre que l’histoire a pleinement confirmé ; que toute l’humanité marchera à sa fin d’une certaine façon et pas d’une autre ; et qu’enfin la nation juive, son code de lois à la main, en sera la constante directrice, c’est une preuve évidente qu’il y avait en eux autre chose que leur esprit clairvoyant qui parlait de la sorte, et qu’ils prophétisaient ainsi sous l’inspiration de cette sagesse divine qui embrasse tous les siècles futurs et dont une étincelle était venue les éclairer. Il ne pouvait y avoir qu’un Dieu prescient pour leur dévoiler ainsi l’avenir avec une certitude et une exactitude qui ne se sont jamais démenties.

Si nous voulions encore chercher une autre preuve de la netteté avec laquelle le Judaïsme affirme en Dieu la faculté de la prescience et en l’homme celle de la liberté, ne la trouverions-nous pas dans l’histoire même du peuple hébreu ? Qu’est cette histoire, sinon une longue suite d’événements tantôt tristes, tantôt glorieux, à travers lesquels la prescience divine montre toujours clairement en face de la liberté humaine ? Il n’y eut pas un seul prophète qui ne prédît à Israël, soit les malheurs qui devaient fondre sur lui, soit le brillant avenir qui lui écherrait finalement, et cependant on ne vit jamais ce peuple abdiquer son initiative et sa liberté d’action et de résolution, pour assister, les bras croisés, à l’accomplissement fatal de ses destinées ? A quoi cela a-t-il tenu ? A ce que la doctrine juive, en même temps qu’elle a su convaincre Israël de la vérité de la prescience divine, a su aussi lui mettre au cœur le sentiment de sa propre liberté. « Tout est prévu, mais l’homme est libre », c’est la formule même sous laquelle ce double enseignement a pris pied dans la Synagogue[1]. Ne dis point le Seigneur est cause que je me suis détourné, » car tu ne dois pas faire les choses qu’il hait. Ne dis point :

  1. Traité des principes, chap. III, v. 19.