une grande bouche à lèvres plates ; des fils violets figurent des réseaux sur ses joues rouges ; ses épais cheveux gris semblent irrités les uns contre les autres, et se hérissent sur un front bas ; ses sourcils avancent en auvents, et ses petits yeux fauves se cachent dessous comme au fond d’une caverne ; pourtant il a une femme jeune et jolie.
Dans le cours de son ascension commerciale, Delmase crut nécessaire de monter sa maison définitivement, et dit à un de ses confrères :
— Donnez-moi votre fille Antonie !
Une enfant !
Il se maria ! et pendant douze années, rien ne fut changé dans sa vie, si ce n’est qu’il y eut chez lui un objet d’utilité domestique de plus et que le chiffre de son avoir s’augmenta de plusieurs centaines de mille francs.
Depuis quelque temps, Delmase est à New-York, où il établit un comptoir. Il vient d’écrire à sa femme que, bientôt, il sera de retour, et qu’on doit en informer ses amis. Madame Delmase a quitté son palais de Hyde-Park et s’est mise en devoir d’obéir. En ce moment, elle se trouve dans William’s street, chez mistress Harris, femme du représentant de son mari.
Celle-ci tient sur ses genoux un tout petit bébé, et dit :
— Ah ! Monsieur Delmase revient ! Cela m’attriste, car il faut que nous allions le remplacer. Il est vrai qu’il est là-bas depuis près d’un an.