Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/6

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— Laisse cette porte, lui cria celui dont nous venons d’apprendre le nom, et dépêche-toi d’aller m’ouvrir du côté de la cour. Il y a là Fend-l’Air qui a autant de hâte que moi de pouvoir se mettre à l’abri.

Quelques minutes après, en effet, le brave cheval était bouchonné et confortablement établi sur une épaisse litière toute fraîche et devant un râtelier rempli de ce foin odorant que seules les prairies naturelles produisent.

Son maître s’était, de son côté, débarrassé de ses houseaux de cuir, de son grand chapeau de feutre gris, de sa limousine de grosse laine d’où l’eau dégouttait comme si on l’avait trompée dans la rivière, et, après avoir remplacé sa chaussure de voyage par une forte paire de sabots, il faisait son entrée dans une pièce basse qui, d’après la façon dont elle était disposée, et, selon la mode usitée encore aujourd’hui dans les campagnes, devait servir à la fois de cuisine, de salle à manger et de chambre à coucher aux maîtres de la maison.

— Ouf ! s’écria-t-il aussitôt en s’approchant de la vaste cheminée qui se trouvait sur le côté droit de la pièce et dans l’âtre de laquelle un reste de feu achevait de se consumer, — ouf !… quel temps !… une pluie à mouiller un canard, un vent à décorner les vaches… un vrai bacchanal, quoi !… Brrr… je suis tout transi !… Et toi, — ajouta-t-il en s’adressant à sa femme qui le suivait, portant un falot qu’elle s’occupait d’éteindre en ce moment, — et toi, qui me laisses près d’un quart d’heure me morfondre à la porte !…

— Oh ! un quart d’heure !… répliqua cette dernière d’un ton revêche, pourquoi pas une année.

— Oui, oui, un quart d’heure ! et peut-être davantage.

— Ma foi ! j’ai souffert dé la migraine toute.la journée. Aussi me suis-je couchée à la tombée de la nuit et j’avais