Page:Sincère - Le Sorcier de Septêmes (paru dans Le Roman, journal des feuilletons Marseillais), 1873.djvu/7

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fini par m’endormir… Tu vois qu’aussitôt réveillée je ne me suis pas même donné le temps de m’habiller complètement… D’ailleurs, pouvais-je t’attendre ce soir ? Ne m’avais-tu pas dit que tu passerais la nuit à Aix et que tu ne serais de retour que demaîn ?

— Sans doute ! sans doute !… Mais aussitôt Fend-l’Air débridé, j’ai pu voir notre fille à son couvent ; j’ai pu ensuite terminer mes affaires sur les quatre ou cinq heures, et alors, ma foi ! en avant, marche !… On n’est jamais si bien que chez soi… quoique, à vrai dire, tu ne sois pas toujours commode…

— Parle de ça maintenant… Il n’y a pas de pacha mieux servi que toi.

— Quand il n’a besoin de rien, devrais-tu ajouter.

— De quoi… de quoi ?…

— Je m’entends… mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit. L’important pour le quart d’heure serait de casser une croûte. Je n’ai rien pris depuis midi et mon estomac bat la diane. J’avalerai le diable et ses cornes !… Donne-moi donc à souper.

— À cette heure ?… mais il est fort tard.

— Double raison pour que tu t’y mettes de suite.

— Oh ! pour le coup, non !… j’ai plus besoin de me reposer que de cuisiner en ce moment.

— Mais, je te le répète, j’ai une faim de loup.

— Tant pis !… il fallait manger où tu étais… Tu m’ennuies au bout du compte ! Que veux-tu que j’aie, d’ailleurs ? Les femmes, ça vit de rien quand c’est seul… Je n’ai rien pris et rien fait de la journée.

— Une omelette, au moins.

— Je n’ai pas d’œufs.

— Un morceau de lard frit… un peu de fromage… une salade.