Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/19

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chesse est un bien lorsqu’elle répand l’aisance dans toutes les classes ; la population est un avantage lorsque chaque homme est sûr de trouver par le travail une honnête existence. Mais un état peut être misérable encore que quelques individus y accumulent des fortunes colossales ; et si sa population, comme celle de la Chine, est toujours supérieure à ses moyens de subsistance, si elle se contente pour vivre du rebut des animaux, si elle est sans cesse menacée par la famine, cette population nombreuse, loin d’être un objet d’envie ou un moyen de puissance, est une calamité.

L’ordre social perfectionné est en général avantageux au pauvre aussi-bien qu’au riche, et l'économie politique enseigne à conserver cet ordre en le corrigeant, non pas à le renverser. C’est une Providence bienfaisante qui a donné à la nature humaine et des besoins et des souffrances, parce qu’elle en a fait les aiguillons qui doivent éveiller notre activité, et nous pousser au développement de tout notre être. Si nous réussissions à exclure la douleur de ce monde, nous en exclurions aussi la vertu ; de même, si nous pouvions en chasser le besoin, nous en chasserions aussi l'industrie. Ce n’est donc point l’égalité des conditions, mais