souffrance. Ainsi, le système qui rend le peuple plus misérable tend, par ses propres forces, à l'emporter sur tous les autres.
Cet avantage s'explique aisément ; les bénéfices d’un fermier sont le résultat de trois luttes très-différentes qu'il est appelé à soutenir, avec les consommateurs, avec les propriétaires de terres, et avec les ouvriers qui travaillent pour lui. Il peut augmenter ses profits, soit en vendant plus cher ses denrées, soit en payant moins de fermage, soit en contraignant les journaliers à se contenter d'un moindre salaire. Pour chacune de ces opérations, le gros fermier, le fermier qui dispose de gros capitaux, est placé plus avantageusement que le petit.
Vis-à-vis des consommateurs, plus le nombre des fermiers est réduit, et plus il leur est facile de s'entendre pour donner à leurs denrées un prix de monopole. On rencontre dans l'État Ecclésiastique plus d’une ville qui se trouve enclavée dans une ferme. Il est bien certain que les habitants de Népi, ou ceux de Ronciglione, sont dans une dépendance absolue du fermier qui les entoure de toutes parts ; ils achètent de lui seul toutes les denrées qui ne peuvent pas souffrir de longs transports ou se garder longtemps, comme le laitage, les herbages, la volaille. Si la ville de Velletri confine