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Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/241

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On peut juger du danger qui menace le pays qui s'abandonne à l'exploitation par grandes fermes, en contemplant l'état où elles ont réduit la province de la Campagne de Rome ; c'est le nom qu'on donne à tout le pays qui s'étend depuis la montagne de Viterbo jusqu'à Terracine, et depuis la mer jusqu'aux montagnes de la Sabine. Dans cette province de quatre-vingt-dix milles de longueur sur vingt-cinq de large, ou deux mille deux cent cinquante milles en carré, on ne compte plus aujourd'hui qu'environ quarante fermiers. Ils n'en portent plus, il est vrai, le nom, qu’ils regarderaient comme au-dessous d'eux. On les appelle mercanti di tenute, négociants en terres. Ils emploient à ce commerce d'immenses capitaux ; et, par leur extrême richesse, ils rendent la place intenable à tous leurs concurrents. Mais leur manière de faire valoir les terres, et il n'y a aucun doute qu'elle ne soit de beaucoup la plus profitable pour eux, est d'épargner en toute chose sur le travail de l’homme, de se contenter des produits naturels du sol, de n'avoir en vue que le pâturage, et d’écarter successivement tout ce qui reste de population. Ce territoire de Rome, si prodigieusement fertile, où cinq arpents nourrissaient une famille et for-