commerce pendant la précédente année ; et moins il a gagné, moins il est disposé à se retirer des affaires. Aussi la production continue-t-elle longtemps encore après avoir satisfait le besoin ; et lorsqu’enfin elle vient à cesser, ce n'est qu'après avoir causé chez tous ceux qui contribuaient à la faire naître, une perte de capitaux, de revenus, et de vies humaines qu'on ne peut calculer sans frémir. Les producteurs ne se retireront point du travail, et leur nombre ne diminuera que lorsqu'une partie des chefs d'atelier aura fait faillite, et qu'une partie des ouvriers sera morte de misère.
Aucune erreur n'est plus généralement répandue que celle que nous venons de relever ; elle se soutient en dépit d'une expérience journalière ; elle vient d'être reproduite par un ingénieux écrivain anglais, M. Ricardo, qui a fondé sur elle des conclusions très hasardées. Une sorte d'expérience la confirme, il est vrai ; dans une même manufacture, le directeur passe très rapidement de l'étoffe que la mode abandonne à celle qu'elle commence à favoriser ; des velours rayés aux velours unis, des basins aux piqués. Le même bâtiment sert à l'une et à l'autre, la même intelligence dans le maître et les ouvriers s'accommode du nouvel ouvrage comme