Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était une tâche au-dessus de leurs forces. Cependant l’un et l’autre, après avoir réprimé les voleries effroyables des traitans, et avoir rendu, par leur protection, quelque sûreté aux fortunes privées, entrevirent les vraies sources de la prospérité nationale, et s’occupèrent de les faire couler avec plus d’abondance. Sully accorda surtout sa protection à l’agriculture : il répétait que pâturage et labourage étaient les deux mamelles de l’état. Colbert qui parait issu d’une famille engagée dans le commerce des draps, origine que la vanité de la cour de Louis XIV le contraignit à dissimuler, chercha surtout à faire prospérer les manufactures et le commerce. Il s’entoura des conseils des négocians, et il sollicita de partout leurs avis. Tous deux ouvrirent des routes et des canaux, pour faciliter les échanges entre les divers genres de richesses ; tous deux protégèrent l’esprit d’entreprise, et honorèrent l’activité industrieuse, qui répandait l’abondance dans leur pays.

Colbert, le plus récent de ces deux ministres, précéda de long-temps les écrivains qui ont traité de l’économie politique comme d’une science, et qui l’ont réduite en corps de doctrine. Il avait cependant un système sur la richesse nationale ; il en fallait un pour donner de l’ensemble à ses opérations, et pour dési-