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Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/427

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sommateurs. Une gêne universelle s'est fait sentir aux fabricants, aux marchands, aux détaillants, et cette gêne a été suivie de l'anéantissement de capitaux destinés à alimenter l'industrie. Le fruit de longues économies et de longs travaux a été perdu en une année. Les consommateurs y ont gagné, il est vrai, mais ce gain est à peine aperçu, même par eux. En faisant des approvisionnements pour plusieurs années, pour profiter du bon marché, ils se sont mis à la gêne, et ils ont retardé encore le moment où l'équilibre pourra se rétablir entre la consommation et la production ; en pourvoyant à leur habillement, à leur ameublement avec des marchandises plus fines et de meilleur goût, ils ne se croient pas plus riches, parce que, pour toutes les jouissances de vanité, le prix seul et la rareté, non la qualité de la marchandise, constituent la valeur.

Dans l'ancienne organisation de l'Europe, tous les états ne prétendaient point à toutes les industries : les uns s'étaient attachés à l'agriculture, d'autres à la navigation, de troisièmes aux manufactures ; et l'état de ces derniers, même dans leur prospérité, n'aurait pas dû paraître tellement digne d'envie, qu'on fit des efforts inouïs pour se mettre à leur place. Une population misérable et dégradée produisait