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Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/433

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dre à aucun étranger ? Que fera-t-on, lorsque chacun, forcé de comparer les produits de son peuple avec les besoins de son peuple, et ne comptant plus du tout sur les illusions du marché extérieur, reconnaîtra clairement que ce peuple ne peut acheter tout ce qu'il veut vendre ? Comment dira-t-on aux artisans qu'on a multipliés avec tant d'efforts, qu'on a rendus si actifs avec tant d'industrie : Nous nous sommes trompés, nous n'avions pas besoin de vous ; vous ne deviez pas vivre ? L'approche de ce dénouement d'un faux système est peut-être imminente, et cette calamité fait frémir. Lorsque ce moment sera venu, toutes les barrières élevées entre les états tomberont de nouveau, parce qu'on sentira l'impossibilité de les maintenir : la fatale concurrence de ceux qui cherchent aujourd'hui à s’enlever leur gagne-pain cessera ; chacun s’en tiendra à l'industrie que la nature du sol, du climat, et le caractère des habitants rendent plus profitable, et ne regrettera pas plus de devoir tous les autres produits à un étranger, que de ne pas faire ses souliers lui-même ; mais, avant d'en venir là, qui sait combien de vies auront été sacrifiées à la poursuite d'une erreur ?