Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/28

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et les grains valent déjà presque le double de ce qu'ils valaient il y a quelques années. Nous n'attribuons pas, naturellement, cela entièrement à l'accroissement de la production du coton, car les prix des produits de toutes sortes se sont graduellement élevés dans l'Inde depuis quelques années. Cependant, quand on questionne les indigènes sur ce sujet, ils désignent l'accroissement de la culture du coton comme la principale cause de ce changement, et si vous demandez, dans quelque partie du pays que ce soit, pourquoi la culture du coton n'augmente pas plus rapidement, on vous répond d'abord que les fermiers ne peuvent pas se permettre de cultiver moins de céréales. Il faut encore se rappeler que le coton n'est pas la seule récolte avantageuse. Il est encore fort profitable au fermier d'avoir non-seulement des céréales, mais encore certains grains, de la canne à sucre, et tous les produits de l'agriculture, qui sont énormément renchéris depuis quelques années. Il sait, en outre, que le prix du coton est excessivement variable ; il connaît fort peu la politique américaine et les raisons qui peuvent faire prévoir une élévation permanente des prix ; mais il n'a pas oublié l'expérience du passé, il se rappelle que les hausses extraordinaires ont été généralement suivies de baisses ruineuses. De plus, le coton est une plante délicate, et qui manque souvent totalement, de sorte que le fermier a une raison de plus pour ne pas risquer le succès de toute son année sur cette simple chance.

Après tout ce que nous venons de dire, il faut constater un fait qu'on observe dans l'Inde entière : c'est que les habitants diffèrent entièrement des races énergiques de l'Ouest ; ils sont d'une ignorance grossière, et n'ont pas le moindre esprit d'entreprise ; ils obéissent servilement à la routine et à la coutume, chacun fait ce que ses prédécesseurs ont fait avant lui, et le mode de culture est exactement le même aujourd'hui qu'il y a deux mille ans. Rien moins qu'une convulsion radicale ne pourrait révolutionner les habitudes de ce peuple, et l'on ne peut le juger d'après les motifs et les principes qui influencent les nations européennes.

Nous ajouterons, pour expliquer les résultats mesquins du