Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/29

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travail de cette immense population, que le système de culture dans l'Inde est d'une lenteur et d'une négligence extrêmes ; le rendement du coton est misérable, il ne s'élève, en moyenne, qu'à 60 à 80 livres par acre, au lieu de 200 à 400 livres (60 à 80 kilog. par hectare, au lieu de 200 à 400 kilog. par hectare), en Amérique ; il est ramassé principalement par de vieilles femmes et des enfants qui en cueillent quelques pleins tabliers en une journée, probablement le sixième ou le dixième de ce qu'un nègre bien exercé ferait en Amérique. Ensuite le coton est séparé de la graine au moyen du churka indigène, instrument grossier, composé de deux rouleaux tournés par une couple de femmes, qui nettoient environ 20 livres (10 kilo.) de coton par jour, procédé horriblement lent quand on le compare à l'exécution rapide du cylindre à scie (sawgin) de l'Amérique.

En vérité, les Européens qui n'ont pas visité le pays ne peuvent s'imaginer à quel point le travail y est faible et infructueux ; quoique la récolte de coton n'égale pas la moitié de celle de l'Amérique, il est probable que quatre ou cinq fois autant de personnes sont occupées à sa production.

Quand on considère ces faits, il est évident qu'on se trompe en jugeant l'Inde d'après des données mathématiques, et en comptant sur un développement soudain et considérable du commerce du coton.

Cependant, quand nous examinons l'autre face de la question, nous trouvons réellement des raisons pour espérer un accroissement très-considérable. Étudions d'abord l'influence du prix.

Comme nous l'avons déjà dit, les prix, à Bombay, sont à peu près le quadruple de ce qu'ils étaient précédemment, mais bien des gens objecteront que le fermier en profite peu ; car, en Angleterre, on a une opinion exagérée de l'influence et de la rapacité des intermédiaires, c'est-à-dire des prêteurs d'argent et des petits marchands qui interviennent entre le fermier et le commerçant anglais. Nous ne voulons pas examiner maintenant cette question, nous nous en occuperons plus tard ; il suffira de dire que, d'un aveu presque universel dans