Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/168

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son capital, et que leur somme totale conserve ainsi une proportion réglée avec ce capital, on les regarde communément comme des profits extraordinaires du capital[1].

De tels renchérissements dans le prix de marché sont évidemment les effets de causes accidentelles particulières, dont néanmoins l’influence peut durer quelquefois pendant plusieurs années de suite.

Il y a de telles productions naturelles qui exigent un sol et une exposition particulières, de sorte que toute la terre propre à les produire dans un grand pays ne suffit pas pour répondre à la demande effective. Ainsi, toute la quantité qui en vient au marché sera livrée à ceux qui consentent à en donner plus qu’ils ne font payer le fermage de la terre qui les produit, les salaires du travail et les profits des capitaux employés à mettre ces produits sur le marché, selon le taux naturel de ces fermages, salaires et profits. Des marchandises de ce genre peuvent continuer, pendant des siècles entiers, à être vendues à ce haut prix ; et dans ce cas, c’est la partie qui se résout en fermage qui est en général celle qu’on paye au-dessus du taux naturel. Le fermage de la terre qui fournit ces productions rares et précieuses, comme le fermage de quelques vignobles de France, renommés par la nature et l’exposition du terrain, est sans proportion réglée avec les fermages des autres terres du voisinage, également fertiles et aussi bien cultivées[2]. Au contraire, les salaires du travail et les profits des capitaux employés à mettre sur le marché ces sortes de productions, ne sont guère hors de leur proportion naturelle avec ceux des autres emplois de travail et de capitaux dans le voisinage.

De tels renchérissements dans le prix de marché sont évidemment l’effet de causes naturelles qui peuvent empêcher que la demande effective ne soit jamais pleinement remplie, et qui, par conséquent, peuvent agir toujours.

Un monopole accordé à un individu ou à une compagnie commer-

    meilleur prix, par cette même raison qui élève le taux du blé ; c’est-à-dire, qu’avec un prix plus bas on le consommerait plutôt que de le produire. Buchanan.

  1. Il est évident que ces produits ne peuvent, en aucune manière, être l’objet d’une proportion avec le capital employé. Le prix d’une marchandise est tel, qu’il puisse laisser au propriétaire du secret un excédant sur les salaires et les profits : c’est pourquoi cet excédant, loin de former aucune proportion avec les fonds et le travail employés, en demeure complètement indépendant. Buchanan.
  2. Voyez chap. xi de ce livre.