Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quantité d’ouvrage. Le propriétaire du capital qui alimente un grand nombre d’ouvriers essaye nécessairement, pour son propre intérêt, de combiner entre eux la division et la distribution des tâches de telle façon qu’ils produisent la plus grande quantité possible d’ouvrage. Par le même motif, il s’applique à les fournir des meilleures machines que lui ou eux peuvent imaginer. Ce qui s’opère parmi les ouvriers d’un atelier particulier, s’opérera pour la même raison parmi ceux de la grande société. Plus leur nombre est grand, plus ils tendent naturellement à se partager en différentes classes et à subdiviser leurs tâches. Il y a un plus grand nombre d’intelligences occupées à inventer les machines les plus propres à exécuter la tâche dont chacun est chargé et, dès lors, il y a d’autant plus de probabilités que l’on viendra à bout de les inventer. Il y a donc une infinité de marchandises qui, en conséquence de tous ces perfectionnements de l’industrie, sont obtenues par un travail tellement inférieur à celui qu’elles coûtaient auparavant, que l’augmentation dans le prix de ce travail se trouve plus que compensée par la diminution dans la quantité du même travail.



CHAPITRE IX.

des profits du capital[1].


La hausse et la baisse dans les profits du capital dépendent des mêmes causes que la hausse et la baisse dans les salaires du travail, c’est-à-dire

  1. Smith s’est jeté dans un grand embarras, faute d’avoir sépare en deux parties ce qu’il appelle profits du fonds. Il y a dans cette valeur deux éléments qu’il a distingués ailleurs, sans maintenir cette distinction dans le reste de son ouvrage. Ces deux éléments sont le profit de l’industrie ou, si l’on veut, le salaire du travail et l’intérêt du capital. Pourquoi vouloir établir la valeur de l’un d’après la valeur de l’autre ? Leur valeur se règle d’après des principes différents. Celle du profit de l’industrie se règle sur le degré d’habileté, la longueur des études, etc. ; celle de l’intérêt du capital se règle sur l’abondance des capitaux, la sûreté du placement, etc. Ce qu’il y a de singulier, c’est que Smith lui-même, en traitant son sujet, a fini par s’apercevoir qu’il avait eu tort, ainsi qu’on peut le voir plus loin dans un passage où il dit : « La différence apparente dans les profits des capitaux, suivant les diverses professions, est en général une erreur provenant de ce que nous ne distinguons pas toujours ce qui doit être regardé comme salaires du travail de ce qui doit passer pour profits des capitaux. Note inédite de J.-B. Say.