Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/319

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fut statué qu’on ne pourrait pas importer de blé quand le prix ne serait pas au-dessus de 6 schellings 8 deniers le quarter. La législature avait pensé que lorsque le prix était aussi bas, il n’y avait aucun inconvénient à laisser exporter ; mais lorsqu’il s’élevait plus haut, il devenait imprudent de permettre l’importation ; ainsi, on avait considéré, dans ce temps, que ce qu’on appelle le prix modéré et raisonnable du blé était 6 schellings 8 deniers, contenant environ la même quantité d’argent que 13 schellings 4 deniers de notre monnaie actuelle, un tiers de moins que n’en contenait la même somme nominale au temps d’Édouard III.

En 1554, par actes des première et seconde années de Philippe et Marie et, en 1558, par acte de la première Élisabeth, l’exportation du blé fut de même prohibée toutes les fois que le prix du quarter excéderait 6 schellings 8 deniers, qui, alors, ne contenaient pas pour plus de 2 deniers d’argent au-delà de ce qu’en contient aujourd’hui la même somme nominale[1] ; mais on reconnut bientôt que c’était prohiber tout à fait l’exportation du blé, que de la restreindre au temps où le blé tomberait à un prix aussi excessivement bas. En conséquence, en 1562, par acte de la cinquième année d’Élisabeth, on permit l’exportation du blé par certains ports, toutes les fois que le prix du quarter n’excéderait pas 10 schellings, contenant à peu près la même quantité d’argent qu’en contient à présent la même somme nominale. Ce prix a donc été alors regardé comme étant ce qu’on nomme le prix modéré et raisonnable du blé. Il s’accorde de très-près avec l’estimation du journal de Northumberland, de 1512.

En France, M. Dupré de Saint-Maur[2] et le judicieux auteur de l’Essai sur la police des grains[3], ont observé l’un et l’autre que le prix moyen du blé y avait de même été beaucoup plus bas à la fin du quinzième siècle et au commencement du seizième, que dans les deux siècles précédents. Son prix a vraisemblablement baissé de la même manière, pendant la même période, dans la majeure partie de l’Europe.

  1. La livre était alors taillée en 60 sous ; elle le fut depuis en 62. Ainsi, 6 schellings 8 deniers d’alors étaient juste la neuvième partie d’une livre, et contenaient 1/279 de livre d’argent de plus que 6 schellings 8 deniers d’aujourd’hui ; différence qui équivaut à environ 2 deniers 1/2 sterling.
  2. Essai sur les monnaies et sur le prix des denrées, dans les temps anciens. Paris, 1746, in-4o.
  3. M. Herbert. Son ouvrage a été imprimé en 1755.