Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/324

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toute communication empêche que l’abondance d’une province ne vienne suppléer à la disette de l’autre. Dans l’état de confusion où était l’Angleterre sous les Plantagenets, qui la gouvernèrent depuis le milieu environ du douzième siècle jusque vers la fin du quinzième, un canton pouvait se trouver dans l’abondance, tandis qu’un autre, qui n’était pas très-éloigné, ayant eu sa récolte détruite par quelque accident naturel, ou ravagée par les excursions d’un baron voisin, souffrait toutes les horreurs de la famine ; et cependant, s’ils étaient séparés par les terres de quelque seigneur ennemi, l’un d’eux ne pouvait pas donner le moindre secours à l’autre. Sous l’administration vigoureuse des Tudors, qui gouvernèrent l’Angleterre pendant le reste du quinzième siècle et dans tout le cours du seizième, il n’y avait pas de baron assez puissant pour oser troubler la tranquillité publique.

Le lecteur trouvera à la fin de ce chapitre tous les prix du blé, qui ont été recueillis par Fleetwood, depuis 1202 inclusivement jusques à 1597 aussi inclusivement, réduits au cours de la monnaie actuelle, et disposés, suivant l’ordre des temps, en sept séries de douze années chacune. Il trouvera aussi à la fin de chaque série le prix moyen des douze années qui la composent. Fleetwood n’a pu recueillir, dans cette longue période, que les prix de quatre-vingts années seulement, de manière que, pour compléter la dernière série, il ne manquerait que quatre années ; j’ai donc ajouté, d’après les comptes du collège d’Eton, les prix des années 1598, 1599, 1600 et 1601 ; c’est la seule addition que j’aie faite. Le lecteur verra que, depuis le commencement du treizième siècle, jusque passé le milieu du seizième, le prix moyen de chaque série de douze années va successivement en baissant de plus en plus, et que, vers la fin du seizième siècle, il commence à se relever. Il est vrai que les prix que Fleetwood a pu recueillir paraissent être principalement ceux qui ont été remarquables par leur bon marché ou leur cherté extraordinaire, et je ne pense pas qu’on en puisse tirer aucune conclusion bien décisive.

Cependant, s’ils prouvent quelque chose, ils confirment absolument la proposition que j’ai cherché à établir. Fleetwood lui-même paraît néanmoins avoir pensé, avec la plupart des autres écrivains, que, pendant toute cette période, l’argent, attendu son abondance sans cesse croissante, a été toujours en diminuant de valeur. Les prix du blé, qu’il a recueillis lui-même, ne s’accordent certainement pas avec cette opinion. Ils s’accordent parfaitement avec celle de M. Dupré de Saint-