Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/445

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naire, s’ils ne dirigent pas toujours la conduite de chaque individu, exercent constamment leur influence sur celle de la majorité d’une classe ou ordre de personnes quelconques. Or, le revenu de gens oisifs, en les considérant comme une classe ou ordre de gens, ne reçoit pas la plus légère augmentation par ces opérations de banque. Ainsi, ces opérations ne peuvent pas beaucoup contribuer à augmenter en général leur dépense, quoique celle de quelques individus, parmi eux, puisse bien être augmentée et le soit en effet quelquefois. Par conséquent, la demande que les gens oisifs pourraient faire de marchandises étant la même ou à peu près la même qu’auparavant, il est vraisemblable qu’une très-petite partie seulement de l’argent chassé au-dehors par l’effet des banques et employé à l’achat de marchandises étrangères pour la consommation intérieure, se trouvera employée à acheter de celles qui sont à leur usage. La majeure partie de cet argent sera naturellement destinée à fournir de l’emploi à l’industrie, et non pas des jouissances à la fainéantise.

Quand nous cherchons à calculer la quantité d’industrie que peut employer le capital circulant d’une société, il faut toujours n’avoir égard qu’aux trois parties seulement de ce capital, qui consistent en vivres, matières et ouvrage fait ; il faut toujours en déduire l’autre, qui consiste en argent et ne sert qu’à faire circuler les trois premières. Pour mettre l’industrie en activité, trois choses sont nécessaires : des matières sur lesquelles on travaille, des outils avec lesquels on travaille, des salaires ou récompenses en vue desquelles on travaille. Or, l’argent n’est ni une matière à travailler ni un outil avec lequel on puisse travailler, et quoique pour l’ordinaire ce soit en argent que les salaires se payent à l’ouvrier, cependant le revenu réel de celui-ci, comme celui des autres personnes, ne consiste pas dans l’argent même, mais dans ce que vaut l’argent ; non dans les pièces de métal, mais dans ce qu’on peut acheter avec.

La quantité d’industrie que peut mettre en œuvre un capital doit évidemment être égale au nombre d’ouvriers auxquels il peut fournir des matériaux, des outils et une subsistance convenable à la nature de l’ouvrage. L’argent peut être nécessaire pour acheter les matériaux et les outils, aussi bien que la subsistance des ouvriers ; mais certainement la quantité d’industrie que la masse totale de ce capital peut mettre en activité n’égale pas à la fois et l’argent qui achète, et les matériaux, outils et subsistances qui sont achetés avec l’argent ; elle égale seule-