Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/461

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teur emploie à défricher, dessécher, enclore, fumer, marner et labourer des terres incultes ; à bâtir des fermes avec toutes leurs dépendances, étables, granges, etc. Les rentrées d’un capital fixe sont presque toujours beaucoup plus lentes que celles d’un capital circulant ; et des dépenses de ce genre, en les supposant même dirigées avec toute l’intelligence et la sagesse possibles, ne rentrent guère à l’entrepreneur avant un intervalle de plusieurs années, terme infiniment trop éloigné pour convenir aux arrangements d’une banque. Des commerçants et des entrepreneurs peuvent bien sans doute très-légitimement faire aller une partie considérable de leurs affaires et entreprises avec des fonds d’emprunts. Cependant, dans ce cas, il serait de toute justice que leur propre capital fût suffisant pour servir d’assurance, si je puis parler ainsi, au capital de leurs créanciers, ou pour que ces créanciers ne courussent presque aucune chance probable d’essuyer la moindre perte, quand même l’événement de l’entreprise se trouverait extrêmement au-dessous de l’attente des spéculateurs. Encore, même avec cette précaution, de l’argent qu’on emprunte et qu’on n’espère pas pouvoir rendre avant un terme de plusieurs années, ne devrait pas être emprunté à une banque, mais emprunté par obligation sur hypothèque aux individus qui se proposent de vivre du revenu de leur argent sans se donner l’embarras d’employer eux-mêmes le capital, et qui pour cela seront disposés à prêter ce capital à des gens bien solvables, pour un terme de plusieurs années. Il est vrai qu’une banque qui prête son argent sans qu’on ait à faire aucune dépense de papier timbré ni d’honoraires de notaire pour l’obligation et l’hypothèque, et qui reçoit son remboursement avec ces facilités que donnent les compagnies de banque écossaises, serait sans contredit un créancier fort commode pour de pareils faiseurs de spéculations et d’entreprises ; mais à coup sûr ces faiseurs de spéculations et d’entreprises seraient, pour une pareille banque, les débiteurs les plus incommodes.

Il y a aujourd’hui plus de vingt-cinq ans que le papier-monnaie mis en émission par les différentes compagnies de banque écossaises a atteint pleinement la mesure de ce que la circulation du pays peut aisément absorber ou tenir employé, et qu’il a même été de quelque chose au-delà de cette mesure. Ces compagnies avaient déjà, depuis un espace de temps aussi long, donné à tous les commerçants et entrepreneurs de l’Écosse des secours aussi étendus qu’il soit possible à des banques et à des banquiers d’en donner, sans compromettre leur intérêt personnel ;