Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/496

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dans la même proportion que les colons avaient élevé la dénomination de leurs monnaies, de manière que leur or et leur argent s’exportent aussi vite qu’auparavant.

Le papier des colonies étant reçu en payement des taxes provinciales pour toute la valeur pour laquelle il avait été créé, il en résulta nécessairement un surcroît de valeur à celle qu’il aurait eue d’après l’éloignement réel ou présumé du terme de son acquittement ou rachat définitif. Ce surcroît de valeur était plus ou moins grand, selon que la quantité de papier en émission se trouvait être plus ou moins au-dessus de ce qui pouvait être employé au payement des taxes de la colonie particulière qui l’avait émis. Dans toutes les colonies, il excéda de beaucoup la quantité qui pouvait être employée de cette manière.

Un prince qui statuerait qu’une certaine portion de l’impôt serait payée en un papier-monnaie d’une certaine espèce, pourrait par là ajouter une valeur à ce papier, quand même le terme de son acquittement et rachat définitif dépendrait entièrement de la volonté du prince. Si la banque qui aurait émis ce papier avait soin d’en tenir toujours la quantité un peu au-dessous de ce qui pourrait aisément être employé de cette manière, la demande en pourrait être telle qu’il gagnât même une prime ou qu’il se vendît au marché quelque chose de plus que la somme numérique pour laquelle il aurait été créé. Il y a quelques personnes qui expliquent d’après ce principe ce qu’on nomme agio dans la banque d’Amsterdam, ou la supériorité qu’a l’argent de banque sur l’espèce courante, quoique cet argent de banque ne puisse, à ce qu’elles prétendent, être retiré de la banque à la volonté du propriétaire. La plus grande partie des lettres de change étrangères doivent être acquittées en argent de banque, c’est-à-dire en un transfert[1] sur les livres de banque, et les directeurs de la banque, disent-elles, ont soin de tenir la somme totale de l’argent de banque toujours au-dessous de la demande que cette forme de payement occasionne. C’est pour cela, prétendent-elles, que l’argent de banque se vend moyennant une prime, ou qu’il gagne un agio de 4 à 5 pour 100 au-dessus de la

  1. Opération qui répond à ce qu’on appelle, dans le commerce de France, virement de parties. Elle consiste à porter au compte du porteur de la lettre de change une somme égale au montant de cette lettre, et à retrancher cette même somme du compte de celui qui était débiteur de la lettre.