Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/57

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dant, comme il n’y a nulle probabilité qu’ils soient jamais extraits de la mine qui les contient, ils n’ont aucune espèce de valeur, et il serait absurde de les compter au nombre de nos richesses. L’oiseau sauvage devient une richesse au moment où l’adresse du chasseur l’a fait tomber en son pouvoir ; celui qui échappe n’en est pas une.

Il est encore de toute évidence que quiconque n’est pas propriétaire foncier ne peut subsister que de salaires reçus directement ou indirectement de la main des propriétaires ; il n’y a que les voleurs qui fassent exception ; et les services les plus honorables, comme les plus vils, sont là cet égard dans la même catégorie. Il est encore certain que les circonstances qui ont déterminé le taux de ces divers salaires étant supposées toujours les mêmes, c’est-à-dire, les offres et les demandes de services restant entre elles dans la même proportion, après l’impôt comme auparavant, dans ce cas les salaires seront nécessairement aussi payés sur le même taux, et par conséquent l’impôt, de quelque manière qu’il soit établi, retombera toujours, en dernière analyse, exclusivement sur la classe qui fournit les salaires, et, après l’impôt, cette classe aura à subir, par suite de l’impôt, ou une augmentation dans ses dépenses, ou un retranchement dans les jouissances qu’elle pouvait se procurer auparavant. Cette charge sera d’autant plus forte, que la perception de l’impôt s’écartera davantage de la ligne directe, parce qu’il y aura à supporter, en sus de l’impôt, les frais et indemnités de tous les intermédiaires qui en auront fait l’avance, et la dépense du plus grand nombre d’agents employés à cette perception. La théorie conduit donc nécessairement à conclure que l’impôt directement perçu sur le revenu net du propriétaire foncier est l’impôt le plus conforme à la raison et à la justice, le moins onéreux aux contribuables et le plus profitable au trésor.

Mais si cette théorie fait abstraction d’une foule de circonstances morales qui ont une grande influence sur la facilité de la perception et même sur les conséquences de l’impôt, et si les inconvénients qui résultent de cette influence l’emportent de beaucoup sur l’avantage unique d’une charge moins forte, alors la théorie ne se composant pas de tous les éléments qui entrent dans la pratique, se trouve nécessairement démentie par celle-ci. Or, c’est précisément ce qui se rencontre dans la question où il s’agit de comparer les avantages et les inconvénients des deux modes de perception de l’impôt.

L’habitude qu’ont les hommes de voir dans l’argent la représen-