Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/60

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tre pour tirer leurs conséquences. Les derniers remontent à la terre, comme source primitive des richesses ; l’autre s’appuie sur le travail, comme l’agent universel dont elles sont toutes produites.

Dès le premier coup d’œil on reconnaît combien l’école du professeur d’Édimbourg doit l’emporter sur celle des philosophes français, sous le rapport de l’utilité publique et de l’application de ses préceptes. Le travail étant une puissance dont l’homme est la machine, l’accroissement de cette puissance ne doit guère rencontrer d’autres limites que celles presque indéfinies de l’intelligence et de l’industrie humaine, et elle est, comme ces facultés, susceptible d’être dirigée par des conseils et perfectionnée par le secours de la méditation. La terre, tout au contraire, abstraction faite de l’influence qu’a le travail sur l’espèce et la quantité des productions qu’elle peut rendre, est entièrement hors du pouvoir des hommes, sous tous les autres rapports qui pourraient la rendre plus ou moins avantageuse pour la nation qui la possède, son étendue, sa situation et ses propriétés physiques.

Ainsi la science de l’économie politique, considérée sous le point de vue qu’ont adopté les économistes, rentre dans la classe des sciences naturelles, qui sont purement spéculatives, et qui ne peuvent se proposer autre chose que la connaissance et l’exposition des lois qui régissent l’objet dont la science s’occupe ; au lieu que, vue sous l’aspect sous lequel Smith nous la représente, cette science se trouve réunie aux autres sciences morales qui tendent à améliorer leur objet et à le porter au plus haut degré de perfection dont il est susceptible. La doctrine de Smith peut être réduite à un petit nombre de principes extrêmement simples, et peu de mots suffisent pour en faire l’exposition.

La puissance avec laquelle une nation produit ou acquiert toutes ses richesses, c’est le travail.

Les produits de cette puissance seront d’autant plus grands, qu’elle recevra plus d’accroissement.

Or, elle peut s’accroître de deux manières, en énergie et en étendue.

Le travail gagne en énergie, quand la même quantité de travail fournit de plus grands produits. La division des parties d’un même ouvrage en autant de tâches séparées, exécutées par des mains différentes, l’invention de machines et de procédés propres à abréger