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LIVRE I.

DES CAUSES QUI ONT PERFECTIONNÉ LES FACULTÉS
PRODUCTIVES DU TRAVAIL,
ET DE L’ORDRE SUIVANT LEQUEL SES PRODUITS SE DISTRIBUENT
NATURELLEMENT
DANS LES DIFFÉRENTES CLASSES DU PEUPLE.




CHAPITRE I.

de la division du travail.


Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l’habileté, de l’adresse, de l’intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu’il semble, à la division du travail[1].

On se fera plus aisément une idée des effets de la division du travail sur l’industrie générale de la société, si l’on observe comment ces effets opèrent dans quelques manufactures particulières. On suppose communément que cette division est portée le plus loin possible dans quelques-unes des manufactures où se fabriquent des objets de peu de valeur. Ce n’est pas peut-être que réellement elle y soit portée plus loin que dans des fabriques plus importantes ; mais c’est que, dans les premières, qui sont destinées à de petits objets demandés par un petit nombre de personnes, la totalité des ouvriers qui y sont employés est nécessairement peu nombreuse, et que ceux qui sont occupés à chaque différente branche de l’ouvrage peuvent souvent être réunis dans un atelier et placés à la fois sous les yeux de l’observateur. Au contraire, dans ces grandes manu-

  1. Plusieurs économistes avaient entrevu avant Adam Smith les avantages de la division du travail. Le célèbre publiciste Beccaria les avait signalés, dès l’année 1769, dans son cours d’Économie politique professé à Milan ; mais l’honneur de cette observation appartiendra toujours à Adam Smith, parce que c’est lui qui a le premier démontré l’importance de la division du travail et son influence sur le développement de la production. A. B.