Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/93

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les unes exagèrent l’importance de l’industrie qui s’exerce dans les villes, et les autres celle de l’industrie des campagnes. Ces théories ont eu une influence considérable, non-seulement sur les opinions des hommes instruits, mais même sur la conduite publique des princes et des États. J’ai tâché, dans le quatrième livre, d’exposer ces différentes théories aussi clairement qu’il m’a été possible, ainsi que les divers effets qu’elles ont produits en différents siècles et chez différents peuples.

Ces quatre premiers livres traitent donc de ce qui constitue le revenu de la masse du peuple, ou de la nature de ces fonds qui, dans les différents âges et chez les différents peuples, ont fourni à leur consommation annuelle. Le cinquième et dernier livre traite du revenu du Souverain ou de la République. J’ai tâché de montrer dans ce livre : 1o quelles sont les dépenses nécessaires du souverain ou de la république, lesquelles de ces dépenses doivent être supportées par une contribution générale de toute la société, et lesquelles doivent l’être par une certaine portion seulement ou par quelques membres particuliers de la société ; 2o quelles sont les différentes méthodes de faire contribuer la société entière à l’acquit des dépenses qui doivent être supportées par la généralité du peuple, et quels sont les principaux avantages et inconvénients de chacune de ces méthodes ; 3o enfin, quelles sont les causes qui ont porté presque tous les gouvernements modernes à engager ou à hypothéquer quelque partie de ce revenu, c’est-à-dire à contracter des dettes, et quels ont été les effets de ces dettes sur la véritable richesse de la société, sur le produit annuel de ses terres et de son travail[1].

  1. Dès le début de son ouvrage, Adam Smith sépare nettement sa doctrine de celle des économistes ou physiocrates du dix-huitième siècle, qui ne voulaient reconnaître d’autre source de richesse que l’agriculture et d’autre produit que le produit net. Les partisans de l’école mercantile avaient commis la même erreur, en attribuant exclusivement au commerce la production de la richesse, représentée à leurs yeux par l’or et par l’argent. En réhabilitant ainsi le travail en qualité d’élément indispensable de la production, Adam Smith a ouvert une carrière nouvelle à l’économie politique ; il a fait connaître la véritable source de tous nos revenus ; il a mis en discussion la grande question de la distribution des profits et des salaires, celle de la liberté des industries et une foule d’autres qu’il n’aura pas eu le bonheur de résoudre, mais qu’il a admirablement posées. A. B.