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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/118

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même de l’ouvrier pauvre, ou occasionner quelque augmentation dans son salaire en argent, proportionnée à celle du prix en argent de sa subsistance[1]. En tant qu’il agit de la première manière, l’impôt doit diminuer, dans la classe des ouvriers pauvres, les moyens d’élever et de soigner leurs enfants, et il tend d’autant à réduire la population du pays. En tant qu’il agit de l’autre manière, il doit diminuer, dans la classe des maîtres qui font travailler les ouvriers pauvres, les moyens d’en employer un aussi grand nombre qu’ils l’auraient pu faire sans cela, et il tend à réduire d’autant l’industrie du pays. Par conséquent, l’exportation extraordinaire de blé occasionnée par la prime, non-seulement, dans chaque année en particulier, resserre le marché et la consommation intérieure de tout ce dont elle étend le marché et la consommation chez l’étranger, mais encore, par les entraves qu’elle oppose à la population et à l’industrie du pays, sa tendance, en dernier résultat, est de gêner et de comprimer l’extension graduelle du marché intérieur et, par ce moyen, de diminuer à la longue, bien loin de l’augmenter, la consommation totale et le débit de la denrée.

Cependant, on a encore imaginé que le renchérissement du prix du blé en argent, en rendant cette denrée d’un meilleur rapport pour le fermier, devait nécessairement en encourager la production.

Je réponds que cela pourrait arriver si l’effet de la gratification était de faire monter le prix réel du blé, ou de mettre le fermier en état d’entretenir, avec la même quantité de blé, un plus grand nombre d’ouvriers de la même manière que sont communément entretenus les autres ouvriers du voisinage, largement, médiocrement ou petitement. Mais il est évident que ni la prime, ni aucune autre institution humaine ne peut produire un pareil effet. Ce n’est pas sur le prix réel du blé, c’est seulement sur son prix nominal que porte tout l’effet de la prime ; et quoique l’impôt dont cette institution grève toute la masse du peuple soit très-onéreux pour ceux qui le payent, il n’est que d’un très-petit avantage pour ceux qui le reçoivent.

Le véritable effet de la prime est bien moins d’élever la valeur réelle

  1. Et pourquoi une augmentation des salaires proportionnée à l’augmentation des prix des denrées de première nécessité ? Si la quantité de ces denrées est diminuée par l’exportation, une augmentation quelconque dans les salaires mettra-t-elle le laboureur en état de consommer la même quantité qu’auparavant ? Et si non, à quoi servira cette augmentation ? Buchanan.