Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/119

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du blé que de dégrader la valeur réelle de l’argent, et de faire en sorte qu’une même somme d’argent s’échange contre de moindres quantités, non-seulement de blé, mais encore de toute autre marchandise que le pays produit ; car le prix pécuniaire du blé règle celui de toutes les autres marchandises produites dans le pays[1].

Il détermine le prix en argent du travail, qui doit toujours nécessairement être tel qu’il mette l’ouvrier en état d’acheter une quantité de blé suffisante pour l’entretien de sa personne et de sa famille, selon que le maître qui le met en œuvre se trouve obligé, par l’état progressif, stationnaire ou décroissant de la société, de lui fournir cet entretien abondant, médiocre ou chétif[2].

Il détermine le prix en argent de toutes les autres parties du produit brut de la terre, lequel doit nécessairement, dans toutes les périodes d’avancement de la société, se proportionner avec le prix en argent du blé, quoique la proportion soit différente dans des périodes différentes. Il détermine, par exemple, le prix en argent du foin et du fourrage, de la viande de boucherie, des chevaux et de leur entretien, par conséquent, des charrois ou de la majeure partie des frais du commerce intérieur par terre[3].

En déterminant le prix en argent de toutes les autres parties du produit brut de la terre, il détermine celui des matières de toutes les manufactures. En déterminant le prix en argent du travail, il détermine celui de la main-d’œuvre et de toutes les applications de l’industrie ; et en déterminant l’un et l’autre de ces prix, il détermine le prix total de l’ouvrage manufacturé[4]. Il faut donc nécessairement que le prix en ar-

  1. Ceci est une erreur, dit Mac Culloch ; le prix du blé en argent ne règle pas le prix en argent des autres choses.
  2. Mais la quantité de blé étant diminuée dans le pays par suite de l’exportation favorisée par la prime, le prix du travail évalué en argent ne peut certainement pas mettre le laboureur à même de consommer la même quantité qu’auparavant ; il devra se borner évidemment à une portion moins grande ; ceux qui prétendent au contraire que le prix du travail s’élève avec le prix du blé, admettent qu’en dépit de la diminution de la denrée la consommation doive rester la même. Buchanan.
  3. En augmentant le prix de tous les produits du sol, la prime augmente encore davantage les bénéfices du fermier et du cultivateur. Buchanan.
  4. Le prix des céréales ne modifie pas le prix des autres produits bruts du sol. Ainsi il n’a aucun rapport avec le prix des métaux et autres matières, telles que charbon, bois et pierres, et comme il ne détermine pas le prix du travail, il ne peut par conséquent régler le prix des manufactures ; de sorte que la prime, en contribuant à la hausse des céréales, n’est en définitive qu’un bénéfice très-réel pour le fermier. On ne voudra certainement pas insister sur cet argument, pour prouver l’excellence de la mesure. Il est incontestable qu’on encourage l’agriculture en produisant une hausse dans le prix des céréales, mais la question sera toujours de savoir si c’est là une bonne manière d’encourager.Buchanan.