Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/135

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selon mon opinion, peut encore aujourd’hui être regardé comme le prix moyen. D’ailleurs, tous les rapports s’accordent, je crois, pour prouver que la prime donnée à la pêche du hareng par les buyses n’a pas fait baisser sur le marché intérieur le prix de cette denrée.

Quand on voit les entrepreneurs de pêcheries, après tant de primes qui leur ont été si libéralement accordées, continuer à vendre leur marchandise au même prix et même à un plus haut prix qu’ils n’avaient coutume de le faire auparavant, on devrait penser que leurs profits doivent être énormes, et il n’est pas sans vraisemblance que quelques particuliers n’en aient fait de tels. Cependant, en général, j’ai tout lieu de croire qu’il en a été tout autrement. L’effet ordinaire de pareilles gratifications est d’encourager des gens hasardeux et téméraires à s’aventurer dans des affaires auxquelles ils n’entendent rien, et ce qu’ils perdent par ignorance ou négligence fait plus que compenser ce que l’extrême libéralité du gouvernement peut leur faire gagner. En 1750, le même acte qui accorda le premier la prime de 30 schellings par tonneau pour l’encouragement de la pêche du hareng (celui de la vingt-troisième année de Georges II, ch. xxiv), érigea une compagnie par actions, avec un capital de 500,000 livres ; on accorda aux souscripteurs, outre tous les encouragements ci-dessus, c’est-à-dire la prime par tonneau dont nous parlons ici, celle de 2 schellings 8 deniers par baril à l’exportation, les livraisons de sel national et étranger franc de tous droits et, de plus encore, une prime de 3 livres par année, pendant un espace de quatorze ans, par chaque 100 livres de souscription versées dans les fonds de la société, laquelle annuité leur serait payée par moitié, de six en six mois, par le receveur général des douanes. Outre cette grande compagnie, dont le gouverneur et les directeurs devaient résider à Londres, il fut permis d’établir différentes chambres ou compagnies pour la pêche dans tous les différents ports de départ du royaume, pourvu que leurs souscriptions ne formassent pas au-dessous d’un capital de 10,000 livres pour chacune, qui serait régi à leurs risques et à leurs profits et pertes. La même annuité et les mêmes encouragements de toute espèce furent accordés au commerce de ces compagnies inférieures, comme à celui de la grande compagnie. La souscription de la grande compagnie fut bientôt remplie, et plusieurs différentes autres compagnies inférieures s’établirent dans les différents ports de départ du royaume. Malgré tous ces encouragements, presque toutes ces différentes