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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/136

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compagnies, grandes ou petites, perdirent ou la totalité, ou la majeure partie de leurs capitaux ; à peine reste-t-il aujourd’hui quelque trace d’une seule d’entre elles, et maintenant la pêche du hareng est entièrement ou presque entièrement faite par des spéculateurs particuliers[1].

À la vérité, si quelque fabrique particulière était nécessaire à la défense nationale, il pourrait bien n’être pas très-sage de rester en tout temps dans la dépendance de ses voisins pour l’approvisionnement ; et si une fabrique de ce genre ne pouvait pas se soutenir chez nous sans protection, il serait assez raisonnable que toutes les autres branches d’industrie fussent imposées pour l’encourager. Peut-être pourrait-on justifier, d’après ce principe, les primes à l’exportation des voiles de marine et de la poudre de fabrique anglaise.

Mais quoiqu’il y ait très-peu de cas où il soit raisonnable de grever l’industrie générale pour encourager celle de quelque classe particulière de manufacturiers, cependant, dans l’ivresse d’une grande prospérité, quand l’État jouit d’un revenu si grand qu’il ne sait trop qu’en faire, de pareilles primes accordées à des genres de manufactures qui sont en faveur, sont des dépenses aussi excusables que toute autre dépense inutile à laquelle on pourrait se livrer. Dans les dépenses publiques, comme dans celles des particuliers, de grandes richesses peuvent quelquefois légitimer de grandes profusions. Mais assurément c’est quelque chose de plus qu’une folie ordinaire, que de continuer de pareilles dépenses dans des moments de détresse et d’embarras général.

Quelquefois ce qu’on nomme Prime n’est autre chose qu’une Restitution des droits et, par conséquent, n’est pas susceptible des mêmes objections que la prime proprement dite. Par exemple, la prime sur l’exportation du sucre raffiné peut être regardée comme une restitution des droits payés sur les sucres bruns ou moscouades avec lesquels il est fait. La prime à l’exportation des soieries est une sorte de restitution des droits payés à l’importation de la soie écrue, ou simplement filée ; celle sur l’exportation de la poudre, une restitution des droits payés à l’importation du soufre ou du salpêtre. Dans la langue des douanes, on n’appelle Restitution (drawback) que ce qui s’accorde à

  1. D’importants changements ont été faits dans les règlements de la pêche du hareng, depuis la publication de la Richesse des Nations. Mac Culloch.