Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/150

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Cet acte cependant autorise, jusqu’à un certain point, deux préjugés populaires très-absurdes.

En premier lieu, il suppose que quand le prix du froment est monté jusqu’à 48 sch. le quarter, et celui des autres grains à proportion, tout achat de blé en gros serait dans le cas de nuire au peuple. Or, par ce qui a été dit jusqu’à présent, il paraît assez évident qu’il n’y a aucun prix auquel l’achat du blé en gros par le marchand trafiquant dans l’intérieur du royaume puisse être préjudiciable au peuple ; et d’ailleurs, quoiqu’on puisse regarder 48 sch. le quarter comme un très-haut prix, cependant, dans les années de disette, c’est un prix qui a souvent lieu immédiatement après la moisson, quand il y a à peine quelque partie de la nouvelle récolte en état d’être vendue, et quand il est impossible, même aux plus crédules, de supposer qu’il y en ait déjà d’acheté en gros, de manière à influer sur l’état des subsistances.

Secondement, cet acte suppose qu’il y a un certain prix auquel le blé est dans le cas d’être intercepté, c’est-à-dire acheté par avance pour être revendu bientôt après sur le même marché, de manière à porter préjudice au peuple. Mais si jamais un marchand intercepte du blé qui va à un marché particulier, ou l’achète sur ce marché pour le revendre bientôt après au même marché, ce ne peut être que parce qu’il juge que le marché ne saurait être aussi abondamment fourni pendant tout le cours de l’année que dans cette circonstance particulière et que, par conséquent, le prix doit bientôt monter. S’il juge mal à cet égard, et si le prix ne hausse pas, alors non-seulement il perd tout le profit du capital qu’il a employé à cette opération, mais encore une partie même du capital, par la dépense et la perte qu’entraînent toujours l’emma-