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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/165

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et légitime, pour Sa Majesté le roi de Portugal, de renouveler la prohibition des draps et autres ouvrages en laine, de fabrique anglaise.

« Art. 3. Leurs Excellences les seigneurs plénipotentiaires promettent et garantissent, en leurs noms, que leurs maîtres ci-dessus nommés ratifieront le présent traité, et que les ratifications seront échangées dans le délai de deux mois ».

Par ce traité, la couronne de Portugal s’oblige à laisser entrer les lainages de fabrique anglaise, sur le même pied qu’elles entraient avant la prohibition, c’est-à-dire de ne pas hausser les droits qui avaient coutume d’être payés avant cette époque. Mais elle ne s’oblige pas à les laisser entrer à de meilleures conditions que les lainages de quelque autre nation, de France ou de Hollande, par exemple. Au contraire, la couronne de la Grande-Bretagne s’oblige à laisser entrer les vins de Portugal pour les deux tiers seulement du droit d’entrée payé pour ceux de France, les vins les plus capables de leur faire concurrence. Jusque-là donc ce traité est évidemment à l’avantage du Portugal et au désavantage de la Grande-Bretagne[1].

Il a cependant été vanté comme un chef-d’œuvre de la politique anglaise. Le Portugal reçoit annuellement du Brésil une plus grande quantité d’or que ce qu’il peut en employer dans son commerce intérieur, sous forme de monnaie ou d’orfèvrerie. Le surplus est d’une trop grande valeur pour qu’on le laisse inactivement reposer dans des coffres ; et comme il ne peut trouver dans le pays de marché avantageux, il faut bien, en dépit de toutes les prohibitions, qu’il soit envoyé au-dehors, et échangé pour quelque chose qui trouve dans le pays un débit plus profitable. Une grande portion en vient annuellement à l’Angleterre, soit en retour de marchandises anglaises, soit pour des marchandises d’autres nations européennes, qui reçoivent leurs retours par l’Angleterre. Il a été affirmé à M. Baretti que le paquebot qui arrive chaque semaine apportait, de Lisbonne en Angleterre, une semaine dans l’autre, plus de 50 mille liv. sterling en or. La somme a été probablement exagérée. Elle s’élèverait ainsi à plus de 2 millions 600 mille liv. sterling par an, ce qui est plus que ce que le Brésil n’est réputé fournir.

  1. Les faits ont démontré assez éloquemment depuis un siècle que le traité de Méthuen n’était pas au désavantage de la Grande-Bretagne A. B.