Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/191

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de concert il est vrai avec la mère patrie, mais sans aucun secours déclaré de sa part, ils chassèrent les Hollandais du Brésil. Ceux-ci, voyant donc qu’il leur était impossible de garder pour eux aucune portion du pays, aimèrent mieux le voir repasser en entier sous la domination du Portugal. On dit qu’il y a dans cette colonie plus de six cent mille habitants, tant Portugais que descendants des Portugais, créoles, mulâtres et races mêlées de Portugais et de Brésiliens. Aucune colonie en Amérique ne passe pour contenir un aussi grand nombre d’habitants d’origine européenne.

Vers la fin du quinzième siècle, et pendant la plus grande partie du seizième, l’Espagne et le Portugal se trouvèrent être les deux grandes puissances navales de l’Océan ; car, quoique le commerce de Venise s’étendît par toute l’Europe, les flottes de cette république ne s’étaient guère avancées au-delà de la Méditerranée. Les Espagnols, pour avoir les premiers découvert l’Amérique, la réclamaient tout entière comme leur propriété, et quoiqu’ils n’aient pu empêcher une puissance navale aussi considérable que celle du Portugal de s’établir au Brésil, cependant la terreur qu’inspirait leur nom était alors telle, que la plupart des autres nations de l’Europe n’osaient faire d’établissement dans aucune autre partie de ce grand continent. Les Français qui tentèrent de se fixer dans la Floride furent tous mis à mort par les Espagnols. Mais la décadence de la puissance navale de ces derniers, par suite de la déroute ou de la perte de ce qu’ils nommaient leur invincible Armada, qui eut lieu vers la fin du seizième siècle, leur ôta le pouvoir d’arrêter plus longtemps les établissements des autres nations européennes. Ainsi, dans le cours du dix-septième siècle, les Anglais, les Français, les Hollandais, les Danois et les Suédois, c’est-à-dire toutes les grandes nations qui avaient des ports sur l’Océan, essayèrent de faire quelques établissements dans le Nouveau-Monde.

Les Suédois s’établirent à New-jersey, et le nombre de familles suédoises qu’on y trouve encore démontre suffisamment que cette colonie était dans le cas de très-bien prospérer, si elle eût été protégée par la mère patrie. Mais étant abandonnée par la Suède, elle fut bientôt envahie par la colonie hollandaise de New-York, laquelle à son tour, en 1764, tomba au pouvoir des Anglais.

Les petites îles de Saint-Thomas et de Santa-Cruz sont les seuls pays que les Danois aient jamais possédés au Nouveau-Monde. De plus, ces petits établissements ont été mis sous le régime d’une compagnie ex-