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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/204

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énumérées, et qu’il eût été par là contraint de venir en totalité au marché de la Grande-Bretagne, il aurait pu exercer une trop grande influence sur la valeur de notre propre produit. Ce fut vraisemblablement bien moins par intérêt pour l’Amérique que par la crainte de cette fâcheuse concurrence, que non-seulement ces marchandises importantes ont été affranchies de l’énumération, mais que même, dans l’état ordinaire de la loi, il y a prohibition d’importer en Grande-Bretagne toute espèce de grain, à l’exception du riz, ainsi que les viandes salées.

Dans l’origine, les marchandises non énumérées pouvaient s’exporter dans tous les lieux du monde. Les planches, merrains et bois équarris, ainsi que le riz, compris d’abord dans l’énumération, lorsque par la suite ils en furent affranchis, furent restreints, quant au marché de l’Europe, aux pays situés au sud du cap Finistère. Par le statut de la sixième année de Georges III, chap. lii, toutes les marchandises non énumérées furent assujetties à la même restriction. Les contrées de l’Europe situées au sud du cap Finistère ne sont pas des pays manufacturiers, et notre politique jalouse a peu à craindre que les vaisseaux de nos colonies rapportent de ces pays des ouvrages manufacturés qui puissent nuire au débit des nôtres.

Les marchandises énumérées sont de deux sortes : la première comprend celles qui sont un produit particulier à l’Amérique, ou bien qui ne peuvent être ou, au moins, ne sont pas produites dans la mère patrie. De cette classe sont les mélasses, le café, les noix de cacao, le tabac, le piment, le gingembre, les fanons de baleine, la soie écrue, le coton en laine, le castor et les autres pelleteries d’Amérique, l’indigo, le fustet[1] et autres bois de teinture. La seconde sorte comprend celles qui ne sont pas un produit particulier à l’Amérique, mais qui sont ou peuvent être produites dans la mère patrie, quoique cependant pas en assez grandes quantités pour fournir à la demande, laquelle est remplie principalement par l’étranger. De cette espèce sont les munitions navales, les mâts, vergues et beauprés ; le brai, le goudron et la térébenthine ; le fer en saumon[2] et en barres ; le cuivre brut, les peaux et

  1. Bois jaune propre à la teinture, et qu’on tire principalement de Tabago.
  2. C’est le fer non forgé, qui se nomme aussi fonte.