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les peaux et les cuirs au nombre des marchandises énumérées, et contribue par là à rabaisser la valeur du bétail américain.

L’accroissement de la puissance navale de la Grande-Bretagne et de sa marine, par l’extension de la pêche de nos colonies, est un objet que la législature semble avoir eu presque constamment en vue. Par cette raison, la pêche a eu tout l’encouragement que lui peut donner la liberté, et aussi a-t-elle été très-florissante. La pêche de la Nouvelle-Angleterre en particulier était, avant les derniers troubles, une des plus importantes peut-être qui fût au monde. La pêche de la baleine, qui, en Grande-Bretagne, malgré une prime énorme, est un objet de si peu d’importance, que, suivant l’opinion de beaucoup de gens (opinion que je ne prétends pourtant pas garantir), tout le produit n’excède guère la valeur des primes payées annuellement pour elle, est un objet de commerce extrêmement étendu dans la Nouvelle-Angleterre, sans l’aide d’aucune prime. Le poisson est un des principaux articles du commerce que les Anglais-Américains font avec l’Espagne, le Portugal et la Méditerranée.

Le sucre était, dans l’origine, une marchandise énumérée qui ne pouvait s’exporter qu’à la Grande-Bretagne. Mais, en 1731, sur une réclamation des planteurs, on en permit l’exportation à toutes les parties du monde. Toutefois, les restrictions avec lesquelles cette liberté a été accordée, jointes au haut prix du sucre en Angleterre, l’ont rendue en grande partie sans effet. La Grande-Bretagne et ses colonies continuent toujours d’être presque le seul marché pour tout le sucre que produisent les plantations anglaises. Leur consommation croît si rapidement, que, quoique l’importation du sucre ait extrêmement augmenté depuis vingt ans, en conséquence des progrès toujours continus de la culture à la Jamaïque, aussi bien que dans les îles cédées[1], on assure néanmoins que l’exportation aux pays étrangers n’en est pas pour cela beaucoup plus forte qu’auparavant.

Le rhum est un article très-important du commerce que les Américains font à la côte d’Afrique, d’où ils ramènent en retour des esclaves noirs.

Si le produit surabondant de l’Amérique en grains de toute espèce, en viandes salées et en poisson, eût été compris dans les marchandises énumérées, et

  1. Les îles cédées par la paix de Paris, de 1763, sont proprement la Grenade et les Grenadins ; mais les îles de Saint-Vincent, de la Dominique et de Tabago, qui ont été laissées à l’Angleterre par la même paix, ne l’ont pas été à titre de cession. Néanmoins l’auteur comprend ici toutes ces îles sous le nom d’îles cédées.