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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/224

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On conviendra sans peine que la découverte de l’Amérique et sa formation en colonies ont contribué à augmenter l’industrie, 1° de tous les pays qui commercent directement avec elle, tels que l’Espagne, le Portugal, la France et l’Angleterre ; et 2° de tous ceux qui, sans y faire de commerce direct, y envoient, par l’intermédiaire d’autres pays, des marchandises de leur propre produit, tels que la Flandre autrichienne et quelques provinces d’Allemagne, qui y font passer une quantité considérable de toiles et d’autres marchandises par l’entremise des nations qui y commercent directement. Tous ces pays ont gagné évidemment un marché plus étendu pour l’excédent de leurs produits et, par conséquent ont dû être encouragés à en augmenter la quantité.

Mais ce qui n’est peut-être pas aussi évident, c’est que ces grands événements aient dû pareillement contribuer à encourager l’industrie de pays qui peut-être n’ont jamais envoyé en Amérique un seul article de leurs produits, tels que la Hongrie et la Pologne. C’est cependant ce dont il n’est pas possible de douter. On consomme en Hongrie et en Pologne une certaine partie du produit de l’Amérique ; et il y a dans ces pays une demande quelconque pour le sucre, le chocolat et le tabac de cette nouvelle partie du monde. Or, ces marchandises, il faut les acheter, ou avec quelque chose qui soit le produit de l’industrie de la Hongrie et de la Pologne, ou avec quelque chose qui ait été acheté avec une partie de ce produit. Ces marchandises américaines sont de nouvelles valeurs, de nouveaux équivalents survenus en Hongrie et en Pologne, pour y être échangés contre l’excédent du produit de ces pays. Transportées dans ces contrées, elles y créent un nouveau marché, un marché plus étendu pour cet excédent de produit. Elles en font hausser la valeur, et contribuent par là à encourager l’augmentation. Quand même aucune partie de ce produit ne serait jamais portée en Amérique, il peut en être porté à d’autres nations qui l’achètent avec une partie de la portion qu’elles ont dans l’excédent de produit de l’Amérique, et ainsi ces nations trouveront un débit au moyen de la circulation du commerce nouveau que l’excédent de produit de l’Amérique a primitivement mis en activité.

Ces grands événements peuvent même avoir contribué à augmenter les jouissances et à accroître l’industrie de pays qui non-seulement n’ont jamais envoyé aucune marchandise en Amérique, mais même n’en ont jamais reçu aucune de cette contrée. Ces contrées-là même peuvent avoir reçu en plus grande abondance les marchandises de