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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/226

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vous sont fermés. Néanmoins, c’est l’excédent de produit des colonies qui est toujours la source primitive de ce surcroît de jouissances et d’industrie qui revient à l’Europe de la découverte de l’Amérique et de sa formation en colonies, et le commerce exclusif des métropoles tend seulement à rendre cette source beaucoup moins abondante qu’elle n’aurait été sans cela.

Les avantages particuliers que chaque pays à colonies retire des colonies qui lui appartiennent sont de deux différentes espèces ; premièrement, les avantages généraux que tout État retire des provinces soumises à sa domination ; secondement, les avantages spéciaux qu’on suppose résulter de provinces d’une nature aussi particulière que les colonies européennes de l’Amérique.

Les avantages généraux que retire un État des provinces sujettes à sa domination consistent, en premier lieu, dans la force militaire qu’elles fournissent pour sa défense et, en second lieu, dans le revenu qu’elles donnent pour le soutien de son gouvernement civil. Les colonies romaines fournissaient, dans l’occasion, l’une et l’autre. Les colonies grecques fournissaient quelquefois une force militaire, mais rarement aucun revenu ; rarement elles se reconnaissaient comme soumises à la domination de la métropole ; elles étaient, en général, ses alliées pendant la guerre, mais très-rarement ses sujettes en temps de paix.

Les colonies européennes de l’Amérique n’ont encore fourni aucune force militaire pour la défense de la métropole ; leur force militaire n’a pas encore été suffisante pour leur défense propre ; et dans les guerres différentes dans lesquelles leur mère patrie a été engagée, il lui a fallu, en général, distraire une patrie très-considérable de ses forces militaires pour défendre ses colonies. Ainsi, sous ce rapport, toutes les colonies de l’Europe, sans exception, ont été, pour leurs métropoles respectives, une cause d’affaiblissement plutôt que de force.

Les seules colonies de l’Espagne et du Portugal ont contribué, par un revenu, à la défense de leur mère patrie ou au soutien de son gouvernement civil. Les impôts qui ont été levés sur celles des autres nations européennes, sur celles de l’Angleterre en particulier, ont rarement égalé la dépense qu’on a faite pour elles, et n’ont jamais été suffisants pour défrayer celle qu’elles ont occasionnée en temps de guerre ; ainsi, ces colonies ont été pour leurs métropoles respectives une source de dépense et non de revenu.

Les avantages que ces colonies ont pu procurer à leurs métropoles