Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/227

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respectives consistent donc uniquement dans ces avantages spéciaux qu’on suppose résulter de la nature particulière de ces possessions ; et la seule source de tous ces avantages spéciaux, c’est, à ce qu’on assure généralement, le commerce exclusif.

En vertu de ce droit exclusif, toute cette partie du produit surabondant des colonies anglaises, par exemple, qui consiste en ce qu’on appelle marchandises énumérées, ne peut être envoyée à aucun autre pays que l’Angleterre ; il faut que ce soit d’elle que les autres pays l’achètent ensuite. Ce produit doit donc nécessairement être à meilleur marché en Angleterre qu’il ne peut l’être dans tout autre pays, et il doit contribuer à augmenter les jouissances de l’Angleterre plus que celles de tout autre pays ; il doit de même aussi contribuer davantage à encourager son industrie. L’Angleterre doit tirer un meilleur prix de toutes les parties de l’excédant de son propre produit qu’elle échange contre ces marchandises énumérées, que les autres pays ne peuvent en tirer de celles du leur, qu’elles échangeraient contre ces mêmes marchandises. Par exemple, les ouvrages des fabriques anglaises achèteront une plus grande quantité de sucre et de tabac des colonies anglaises, que de pareils ouvrages des fabriques des autres pays ne pourraient en acheter. Ainsi, en tant que les ouvrages des fabriques anglaises et ceux des fabriques des autres pays peuvent être dans le cas de s’échanger contre le sucre et le tabac des colonies anglaises, cette supériorité de prix donne aux premières de ces fabriques plus d’encouragement que les autres ne peuvent en recevoir de la même source. Par conséquent, comme le commerce exclusif des colonies diminue à la fois et les jouissances et l’industrie des pays qui sont exclus de ce commerce, ou qu’au moins il tient ces jouissances et cette industrie au-dessous du degré auquel elles s’élèveraient sans cela, ce commerce donne, aux pays qui en sont en possession, un avantage d’autant plus manifeste sur les autres pays.

Cependant, on trouvera peut-être que cet avantage devrait plutôt passer pour ce qu’on peut appeler un avantage relatif que pour un avantage absolu, et que la supériorité qu’il donne au pays qui en jouit consiste moins à faire monter l’industrie et le produit de ce pays au-dessus de ce qu’ils seraient naturellement, dans le cas où le commerce serait libre, qu’elle ne consiste à rabaisser l’industrie et le produit des autres pays au-dessous de ce qu’ils seraient sans cette restriction.

Par exemple, le tabac du Maryland et de la Virginie, au moyen du