Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/242

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puter en combien d’années la totalité de ce capital pourra vraisemblablement être rentrée dans la Grande-Bretagne, il faudrait ajouter à la lenteur des retours de l’Amérique celle des retours de ces autres pays. Si, dans le commerce étranger de consommation qui se fait par voie directe avec l’Amérique, il arrive souvent que la totalité du capital employé ne rentre pas en moins de trois ou quatre ans, il y a lieu de présumer que la totalité du capital employé dans ce commerce ainsi détourné ne rentrera pas en moins de quatre ou cinq. Si le premier ne peut tenir constamment en activité qu’un tiers ou qu’un quart seulement du travail national que pourrait entretenir un capital dont la rentrée aurait lieu une fois par an, l’autre ne pourra tenir constamment employé qu’un quart ou un cinquième de ce travail. Des négociants de quelques-uns de nos ports accordent ordinairement un crédit aux correspondants étrangers auxquels ils exportent leur tabac ; à la vérité, au port de Londres, il se vend communément argent comptant ; la règle est : Pesez et payez. Par conséquent, au port de Londres, les retours définitifs de la totalité du circuit de ce commerce se trouvent être plus tardifs que les retours d’Amérique de la quantité de temps seulement pendant laquelle les marchandises peuvent rester dans le magasin sans être vendues, temps qui ne laisse pas cependant d’être quelquefois assez long. Mais si les colonies n’eussent pas été confinées au marché de la Grande-Bretagne pour la vente de leur tabac, il n’en serait probablement venu chez nous que très-peu au-delà de ce qui est nécessaire à notre propre consommation. Les marchandises que la Grande-Bretagne achète à présent, pour sa consommation, avec cet énorme excédent de tabac qu’elle exporte à d’autres pays, elle les aurait probablement, dans ce cas, achetées immédiatement avec le produit de son industrie ou avec quelque partie du produit de ses manufactures ; ce produit, ces ouvrages de manufactures, au lieu d’être, comme à présent, presque entièrement assortis aux demandes d’un seul grand marché, auraient été vraisemblablement appropriés à un grand nombre de marchés plus petits, au lieu d’un immense commerce étranger de consommation par circuit, la Grande-Bretagne aurait probablement entretenu un grand nombre de petits commerces étrangers du même genre par voie directe. À cause de la fréquence des retours, une partie seulement, et vraisemblablement une petite partie, peut-être pas plus d’un tiers ou d’un quart du capital sur lequel roule aujourd’hui cet immense commerce par circuit, aurait été suffisante pour faire aller tous ces petits commerces