Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/264

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Il ne manque pas d’exemples d’empires dans lesquels toutes les différentes provinces ne sont pas taxées, si je puis m’exprimer ainsi, en une seule masse, mais où le souverain, ayant déterminé la somme que doit payer chacune des différentes provinces, en fait l’assiette et la perception dans quelques-unes suivant le mode qu’il juge convenable, tandis que, dans d’autres, il laisse faire l’assiette et la perception de leur contingent d’après la détermination des états respectifs de chacune d’elles.

Dans certaines provinces de France, non-seulement le roi impose telles sommes qu’il juge à propos, mais encore il en fait l’assiette et la perception de la manière qu’il lui plaît d’adopter. Dans d’autres provinces, il demande une certaine somme, mais il laisse aux états de chacune de ces provinces à asseoir et à lever cette somme comme ils le jugent convenable. Dans le plan proposé de taxer par réquisition, le parlement de la Grande-Bretagne se trouverait à peu près dans la même situation, à l’égard des assemblées coloniales, que celle du roi de France à l’égard des états de ces provinces qui jouissent encore du privilège d’avoir leurs États particuliers, et qui sont les provinces de France qui passent pour être le mieux gouvernées.

Mais si, dans ce projet, les colonies n’ont aucun motif raisonnable de craindre que leur part des charges publiques excède jamais la juste proportion de ce qu’en supportent leurs compatriotes européens, la Grande-Bretagne pourrait avoir, elle, des motifs fondés de craindre que cette part n’atteignît jamais à la hauteur de cette juste proportion. Le parlement de la Grande-Bretagne n’a pas sur les colonies une autorité établie de longue main, telle que celle qu’a le roi de France sur ses provinces, qui ont conservé le privilège d’avoir leurs états particuliers. Si les assemblées coloniales n’étaient pas très-favorablement disposées (et à moins qu’elles ne soient maniées avec beaucoup plus d’adresse qu’on n’y en a mis jusqu’à présent, il est très-probable qu’elles ne le seraient pas), elles trouveraient toujours mille prétextes pour rejeter ou pour éluder les réquisitions les plus raisonnables du parlement. Qu’une guerre avec la France, je suppose, vienne à éclater, il faut lever immédiatement 10 millions pour défendre le siège de l’empire. Il faut emprunter cette somme sur le crédit de quelque fonds parlementaire destiné au payement des intérêts. Le parlement propose de créer une partie de ce fonds par un impôt à lever dans la Grande-Bretagne, et une partie par une réquisition aux différentes assemblées coloniales de l’A-