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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/278

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ces étrangers de consommation du plus long circuit, tantôt dans le commerce de transport. Tous les emplois rapprochés se trouvant complètement remplis, tous les capitaux qui peuvent s’y placer avec quelque profit un peu passable y étant déjà entrés, nécessairement le capital de la Hollande reflue vers des emplois plus éloignés. Si le commerce aux Indes orientales était totalement libre, il absorberait probablement la plus grande partie de ce capital surabondant. Les Indes orientales ouvrent à la fois aux manufactures de l’Europe et aux métaux précieux de l’Amérique, ainsi qu’à plusieurs autres de ses productions, un marché plus vaste et plus étendu que l’Europe et l’Amérique tout ensemble.

Tout dérangement dans la distribution naturelle du capital est nécessairement nuisible à la société dans laquelle il a lieu, soit qu’il arrive parce qu’une partie du capital est repoussée d’un commerce particulier où elle se serait rendue sans cela, soit qu’il arrive parce qu’une partie du capital est attirée dans un commerce particulier où elle ne serait pas entrée. S’il est vrai que, sans compagnie exclusive, le commerce de la Hollande aux Indes orientales serait plus grand qu’il n’est actuellement, alors ce pays doit souffrir une perte considérable par l’exclusion d’une partie de son capital de l’emploi qui lui convient le mieux. Et de même, s’il est vrai que, sans compagnie exclusive, le commerce de la Suède et du Danemark aux Indes orientales serait moindre que ce qu’il est actuellement, ou, ce qui est peut-être plus probable, n’existerait pas du tout, dès lors ces deux derniers pays doivent pareillement souffrir une perte considérable de ce qu’une partie de leur capital se trouve ainsi entraînée dans un emploi qui est plus ou moins mal assorti à leur situation particulière. Il vaudrait mieux peut-être pour eux, dans leur situation actuelle, acheter des autres nations les marchandises de l’Inde, quand même ils devraient les payer un peu plus cher, que d’aller porter une si grande portion de leur petit capital dans un commerce d’une distance si considérable, dont les retours sont si excessivement tardifs, et dans lequel ce capital ne peut entretenir qu’une faible quantité de travail productif dans leur pays où ils en ont tant besoin, où il y a si peu de chose de fait et tant à faire.

Ainsi, quand même un pays serait hors d’état de faire, sans l’aide d’une compagnie exclusive, aucun commerce direct aux Indes orientales, il ne s’ensuivrait pas pour cela qu’il fallût y établir une compagnie de cette espèce, mais seulement qu’un tel pays, dans cette situa-