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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/279

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tion, ne devrait pas faire de commerce direct aux Indes orientales. Pour se convaincre que ces sortes de compagnies ne sont pas, en général, nécessaires pour soutenir un commerce aux Indes orientales, il suffit de l’expérience qu’en ont faite les Portugais, qui, sans aucune compagnie exclusive, ont joui de ce commerce presque tout entier pendant plus d’un siècle de suite.

Il ne pourrait guère se faire, a-t-on dit, qu’un commerçant particulier possédât un capital suffisant pour entretenir, dans les différents ports des Indes orientales, des agents et des facteurs, à l’effet d’y commander et faire préparer à l’avance des marchandises pour les vaisseaux qu’il aurait occasion d’y faire passer ; et cependant, à moins qu’il ne fût en état de faire ces avances, la difficulté de trouver une cargaison toute prête pourrait mettre très-souvent ses vaisseaux dans le cas de perdre la saison favorable pour le retour, et la dépense d’un retard aussi long consommerait non-seulement tout le profit de l’armement, mais entraînerait encore fréquemment une perte énorme. Mais si un tel argument pouvait prouver quelque chose, il prouverait qu’aucune branche de commerce ne pourrait se soutenir sans compagnie exclusive, ce qui se trouve démenti par l’expérience de toutes les nations. Il n’y a pas de grande branche de commerce dans laquelle le capital d’un commerçant particulier suffise pour faire marcher toutes les branches subordonnées qui doivent être mises en activité pour que la branche principale puisse marcher. Mais, quand une nation est mûre pour quelque grande branche de commerce, il s’y trouve des commerçants qui dirigent naturellement leurs capitaux vers la branche principale, et d’autres qui dirigent les leurs vers les branches accessoires et subordonnées ; et quoique, par ce moyen, toutes les branches différentes de ce commerce se trouvent marcher à la fois, cependant il n’arrive presque jamais qu’elles roulent toutes sur le capital d’un commerçant particulier. Ainsi, si une nation est mûre pour le commerce des Indes orientales, une certaine portion de son capital se subdivisera naturellement entre toutes les branches différentes de ce commerce. Quelques-uns de ses négociants trouveront leur intérêt à établir leur résidence dans l’Inde, et à employer leurs capitaux en contractant et disposant des marchandises pour les vaisseaux que pourront y envoyer les autres négociants de ce pays résidant en Europe. Les établissements qu’ont obtenus dans les Indes orientales différentes nations de l’Europe, étant ôtés aux compagnies exclusives auxquelles ils appar-