Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/29

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un surcroît d’ouvriers dans les fabriques où ils se travaillent ; il devrait également sauter aux yeux que la quantité d’or ou d’argent est, par tous pays, limitée à l’usage qu’on fait de ces métaux et au besoin qu’on en a ; que leur usage consiste à faire, comme monnaie, circuler des marchandises, et à fournir, comme vaisselle, une espèce de meuble de ménage ; que, par tous pays, la quantité de monnaie est déterminée par la valeur de la masse de marchandises qu’elle a à faire circuler ; que si vous augmentez cette valeur, tout aussitôt une partie de ce surcroît de valeur ira au-dehors chercher à acheter, partout où il pourra se trouver, le surcroît de monnaie qu’exige sa circulation ; qu’à l’égard de la quantité de vaisselle, elle est déterminée par le nombre et la richesse des familles particulières qui sont dans le cas de se donner ce genre de faste ; que si vous augmentez le nombre et la richesse de ces familles, alors très-vraisemblablement une partie de ce surcroît de richesse sera employée à acheter, partout où elle en pourra trouver, un surcroît de vaisselle d’argent ; que prétendre augmenter la richesse d’un pays en y introduisant ou en y retenant une quantité inutile d’or et d’argent, est tout aussi absurde que prétendre augmenter, dans des familles particulières, la bonne chère de leur table, en les obligeant de garder chez elles un nombre inutile d’ustensiles de cuisine. De même que la dépense faite pour acheter ces ustensiles inutiles, loin d’augmenter la quantité ou la qualité des vivres de la famille, ne pourrait se faire sans prendre sur l’une ou sur l’autre, de même l’achat d’une quantité inutile d’or ou d’argent ne peut se faire, dans un pays, sans prendre nécessairement sur la masse de richesse qui nourrit, vêtit et loge le peuple, qui l’entretient et qui l’occupe. Il ne faut pas perdre de vue que, l’or et l’argent, sous quelque forme qu’ils soient, sous celle de monnaie ou de vaisselle, ne sont jamais que des ustensiles, tout aussi bien que les ustensiles de cuisine. Augmentez le service qu’ils ont à faire, augmentez la masse des marchandises qui doivent être mises en circulation par eux, disposées par eux, préparées par eux, et infailliblement vous verrez qu’ils augmenteront aussi de quantité ; mais si vous voulez essayer d’augmenter leur quantité par des moyens extraordinaires, alors tout aussi infailliblement vous diminuez le nombre des services qu’ils ont à rendre et même leur quantité, la quantité de ces métaux ne pouvant jamais rester au-delà de ce qu’exige le service qu’ils ont à faire. Fussent-ils même déjà accumulés au-delà de cette quantité, leur transport se fait si facilement, ils coûtent tant à garder oisifs et sans emploi, qu’il n’y