Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut pas soutenir son industrie au niveau des autres ; au contraire, il sera porté, par son intérêt personnel, à abandonner cet emploi le plus tôt possible, et à en chercher quelque autre. Cette portion du produit de la terre, qui est ainsi nécessaire pour mettre le fermier en état de continuer l’industrie qu’il a embrassée, doit être considérée comme un fonds consacré à la culture, sur lequel le propriétaire ne saurait étendre la main sans réduire nécessairement le produit de sa terre, et sans mettre le fermier, en peu d’années, hors d’état de payer non-seulement la rente qu’on lui aurait arrachée par violence, mais même la rente raisonnable que, sans cela, le propriétaire eût pu s’attendre à retirer de sa terre. La rente qui appartient proprement au propriétaire n’est autre chose que le produit net qui reste après qu’il a été satisfait complètement à toutes les dépenses dont il a fallu préalablement faire l’avance pour faire croître le produit brut ou produit total. C’est parce que le travail des cultivateurs, en outre du remboursement parfait de toutes ces dépenses nécessaires, rapporte encore un produit net comme on vient de le définir, que cette classe en particulier se trouve distinguée, dans ce système, par l’honorable dénomination de classe productive, Les dépenses primitives et annuelles, par la même raison, sont appelées, dans ce système, dépenses productives, parce qu’après avoir remplacé leur propre valeur, elles donnent encore lieu à la reproduction annuelle de ce produit net.

Les dépenses foncières, comme on les appelle, ou celles que le propriétaire place en amélioration de sa terre, sont aussi, dans ce système, honorées de la dénomination de dépenses productives. Jusqu’à ce que la totalité de ces dépenses, avec les profits ordinaires d’un capital, lui aient été complètement remboursés par le surcroît de rente qu’il retire de sa terre, ce surcroît de rente doit être regardé comme sacré et inviolable aux yeux de l’Église et du souverain ; il ne doit être assujetti ni à la dîme ni à l’impôt. S’il en est autrement, en décourageant l’amélioration de la terre, l’Église décourage l’accroissement futur de ses propres dîmes, et le roi, l’accroissement futur de la masse imposable. Par conséquent, comme dans un état de choses bien ordonné ces dépenses foncières, après avoir complètement reproduit leur propre valeur, occasionnent pareillement, en outre de cette reproduction, celle d’un produit net, au bout d’un certain temps on les considère aussi, dans ce système, comme dépenses productives.

Toutefois, les dépenses foncières du propriétaire, avec les dépenses