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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/325

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primitives et annuelles du fermier, sont les trois seules espèces de dépenses qui soient, dans ce système, considérées comme productives.

Suivant cette manière d’envisager les choses, toutes autres dépenses et toutes autres classes de peuple, celles même qui, dans les idées ordinaires des hommes, sont regardées comme les plus productives, sont représentées ici comme totalement stériles ou non productives.

Les manufacturiers et artisans en particulier, dont l’industrie, d’après les idées communes, ajoute tant à la valeur des produits bruts de la terre, sont représentés dans ce système comme une classe de gens entièrement stériles et non productifs. Leur travail, dit-on, remplace seulement le capital qui les emploie, ainsi que les profits ordinaires de ce capital. Ce capital consiste dans les matières, outils et salaires que leur avance celui qui les met en œuvre, et c’est le fonds destin, à les tenir occupés et à les faire subsister. Les profits de ce capital sont le fonds destiné à la subsistance de celui qui les met en œuvre. Celui-ci, en même temps qu’il leur avance le fonds de matières, outils et salaires nécessaires pour les tenir occupés, s’avance aussi à lui-même ce qui est nécessaire à sa subsistance, et en général il proportionne cette subsistance au profit qu’il s’attend à faire sur le prix de leur ouvrage. À moins que le prix de l’ouvrage ne lui rembourse et la subsistance qu’il s’est avancée à lui-même, et les matériaux, outils et salaires qu’il a avancés à ses ouvriers, il est évident que cet ouvrage ne lui rendra pas toute la dépense qu’il y a mise. Par conséquent, les profits du capital employé en manufacture ne sont pas, comme la rente d’une terre, un produit net qui reste après le remboursement complet de toute la dépense indispensable avancée pour l’obtenir. Le capital du fermier lui rend un profit, aussi bien que celui du maître manufacturier, mais il rend encore de plus une rente à une autre personne, ce que ne fait pas le capital du manufacturier. Par conséquent, la dépense que l’on fait pour employer et faire subsister des artisans et ouvriers de manufacture, ne fait autre chose que de continuer, pour ainsi dire, l’existence de sa propre valeur, et elle ne produit aucune valeur nouvelle. C’est donc une dépense absolument stérile et non productive.

Au contraire, la dépense que l’on fait pour employer et faire subsister des fermiers et ouvriers de culture, outre qu’elle continue l’existence de sa propre valeur, produit encore une nouvelle valeur, qui est la rente du propriétaire. Cette dépense est donc productive.

Le capital employé dans le commerce est tout aussi stérile et non