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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/34

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Outre les trois articles ci-dessus, il y a encore, dans toutes les grandes nations commerçantes, une grande quantité d’or et d’argent en lingots qui est alternativement importée et exportée pour le service du commerce étranger. Ces lingots circulant parmi les différents peuples commerçants, tout comme la monnaie nationale circule dans chaque pays en particulier, on peut les regarder comme la monnaie de la grande république du commerce. La monnaie nationale reçoit son impulsion et sa direction des marchandises qui circulent dans l’enceinte de chaque pays en particulier ; la monnaie de la république commerçante, de celles qui circulent entre pays différents. L’une et l’autre de ces monnaies sont employées à faciliter les échanges, l’une entre différents individus de la même nation, l’autre entre ceux de nations différentes. Une partie de cette monnaie de la grande république commerçante peut avoir été et a probablement été employée à soutenir la guerre dernière. Il est naturel de supposer que le moment d’une guerre générale lui imprime un mouvement et une direction différente de celle qu’elle a coutume de suivre dans le temps d’une profonde paix ; qu’elle circule davantage autour du centre de la guerre, et qu’elle y est employée en plus grande quantité pour y acheter, ainsi que dans les pays environnants, la paye et les vivres des différentes armées. Mais quelle que soit la portion de cette monnaie de la république commerçante que la Grande-Bretagne ait employée de cette manière, il faut toujours que cette portion ait été achetée, ou avec des marchandises anglaises, ou avec quelque autre chose achetée avec ces marchandises ; ce qui nous ramène toujours aux marchandises, au produit annuel des terres et du travail du pays, comme étant en dernier résultat les ressources qui nous ont mis en état de soutenir la guerre. En effet, il est naturel de supposer que, pour défrayer une dépense annuelle aussi forte, il a fallu un énorme produit annuel. La dépense de 1761, par exemple, a monté à plus de dix-neuf millions. Il n’y a pas d’accumulation qui eût pu supporter une aussi grande profusion ; il n’y a pas de produit annuel, même en or et en argent, capable de la couvrir. Tout l’or et l’argent qui s’importent annuellement en Espagne et en Portugal n’excèdent pas ordinairement, d’après les meilleures informations, six millions sterling ; ce qui, dans certaines an-