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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/350

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C’est ainsi que tout système qui cherche ou, par des encouragements extraor­di­naires, à attirer vers une espèce particulière d’industrie une plus forte portion du capi­tal de la société que celle qui s’y porterait naturellement, ou, par des entraves extraor­di­naires, à détourner forcément une partie de ce capital d’une espèce particulière d’in­dus­trie vers laquelle elle irait sans cela chercher un emploi, est un système réellement subversif de l’objet même qu’il se propose comme son principal et dernier terme. Bien loin de les accélérer, il retarde les progrès de la société vers l’opulence et l’agran­dis­sement réels ; bien loin de l’accroître, il diminue la valeur réelle du produit annuel des terres et du travail de la société.

Ainsi, en écartant entièrement tous ces systèmes ou de préférence ou d’entraves, le système simple et facile de la liberté naturelle vient se présenter de lui-même et se trouve tout établi. Tout homme, tant qu’il n’enfreint pas les lois de la justice, demeure en pleine liberté de suivre la route que lui montre son intérêt, et de porter où il lui plaît son industrie et son capital, concurremment avec ceux de toute autre classe d’hommes. Le souverain se trouve entièrement débarrassé d’une charge qu’il ne pour­rait essayer de remplir sans s’exposer infailliblement à se voir sans cesse trompé de mille manières, et pour l’accomplissement convenable de laquelle il n’y a aucune sagesse humaine ni connaissance qui puissent suffire, la charge d’être le surintendant de l’industrie des particuliers, de la diriger vers les emplois les mieux assortis à l’intérêt général de la société. Dans le système de la liberté naturelle, le souverain n’a que trois devoirs à rem­plir ; trois devoirs, à la vérité, d’une haute importance, mais clairs, simples et à la por­tée d’une intelligence ordinaire. Le premier, c’est le devoir de défendre la société de tout acte de violence ou d’invasion de la part des autres sociétés indépendantes. Le second, c’est le devoir de protéger, autant qu’il est possible, chaque membre de la société contre l’injustice ou l’oppression de tout autre membre, ou bien le devoir d’établir une administration exacte de la justice. Et le troisième, c’est le devoir d’ériger et d’entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier ou de quelques particuliers ne pourrait jamais les porter à ériger ou à entretenir, parce que jamais le profit n’en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers, quoiqu’à l’égard d’une grande société ce profit fasse beaucoup plus que rembourser les dépenses.