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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/38

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travail, à en augmenter la puissance productive, à en grossir le produit annuel, et à multiplier par là les richesses et le revenu national. Tels sont les grands et importants services que le commerce étranger est sans cesse occupé à rendre, et qu’il rend à tous les différents pays entre lesquels il est établi. Il produit de grands avantages pour tous ces pays, quoique cependant le pays de la résidence du marchand en retire encore de plus grands en général que les autres[1], parce que naturellement ce marchand s’occupe davantage de fournir aux besoins de son propre pays et d’en exporter les produits superflus, qu’il ne s’occupe de ceux de tout autre pays. L’importation de l’or et de l’argent dont on peut avoir besoin dans les pays qui n’ont pas de mines, est sans contredit aussi un des articles dont s’occupe le commerce étranger. Cependant, c’est un des moins importants de tous ; un pays qui n’aurait d’autre commerce étranger que celui-là, aurait à peine occasion d’équiper un vaisseau dans tout un siècle.

Ce n’est pas par l’importation de l’or et de l’argent que la découverte de l’Amérique a enrichi l’Europe. L’abondance des mines de l’Amérique a produit ces métaux à meilleur marché. On peut se procurer maintenant un service de vaisselle pour le tiers du blé ou le tiers du travail qu’il aurait coûté au quinzième siècle. Avec la même dépense annuelle en travail et en marchandises, l’Europe peut acheter annuellement environ trois fois plus d’argenterie qu’elle n’en aurait acheté alors. Mais, quand une marchandise vient à se vendre au tiers de ce qu’était son prix ordinaire, non-seulement ceux qui l’achetaient auparavant peuvent en acheter trois fois autant qu’ils en achetaient, mais encore elle se trouve être descendue à la portée d’un beaucoup plus grand nombre d’acheteurs, d’un nombre dix fois, vingt fois peut-être et davantage plus fort que le premier. De manière qu’il y a peut-être actuellement en Europe, non-seulement plus de trois fois, mais même plus de vingt ou trente fois autant d’orfèvrerie qu’il y en aurait eu, même dans l’état actuel de son industrie, si la découverte des mines d’Amérique n’eût pas eu lieu. jusque-là, l’Europe a sans doute acquis une véritable commodité de plus, quoique assurément d’un genre très-futile. Mais aussi le bon marché de l’or et de l’argent rend ces métaux bien moins

  1. Smith oublie le principal produit du commerce, c’est-à-dire l’augmentation de valeur donnée à la marchandise indigène en l’exportant, et à la marchandise étrangère en l’important. (Note inédite de J. B. Say.)