Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/391

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de commissaires qui n’auraient pas eu le même intérêt, le produit eût peut-être été dissipé en dépenses inutiles et en vaine décoration, tandis qu’on aurait laissé tomber en ruine les parties les plus essentielles.

Les droits pour l’entretien d’une grande route ne pourraient pas, sans inconvénient, constituer une propriété particulière. Un grand chemin, quoique entièrement négligé, ne devient pas pour cela absolument impraticable, comme le serait un canal. Par conséquent, les propriétaires des droits perçus sur une route pourraient négliger totalement les réparations, et cependant continuer de lever, à très-peu de chose près, les mêmes droits. Il est donc à propos que les droits destinés à l’entretien d’un ouvrage de ce genre soient mis sous la direction de commissaires ou de préposés.

On s’est plusieurs fois plaint avec beaucoup de justice, en Grande-Bretagne, des abus commis par les préposés à la régie de ce produit ; on a dit qu’à un grand nombre de barrières le produit était plus du double de ce qui est nécessaire pour entretenir parfaitement la route, tandis que l’ouvrage y était souvent fait de la manière la plus défectueuse, et quelquefois même ne s’y faisait pas du tout. Il faut observer que le système de réparer les grandes routes au moyen de ces sortes de droits n’est pas d’une pratique fort ancienne ; il ne faut donc pas nous étonner qu’il n’ait pas encore été porté à ce degré de perfection dont il pourrait être susceptible. Si les emplois de cette régie sont souvent confiés à des gens mal choisis et peu dignes de confiance, et si l’on n’a pas encore établi des bureaux d’inspection et de comptabilité pour contrôler leur conduite et pour réduire le droit à ce qu’exige précisément le travail dont ils sont chargés, il faut attribuer ces défauts à la nouveauté de l’institution, qui doit aussi leur servir d’excuse, et il faut espérer que la sagesse du parlement y remédiera en grande partie avec le temps.

On suppose que l’argent perçu aux différentes barrières, dans la Grande-Bretagne, excède tellement ce qu’exige la réparation des routes, que les épargnes à faire sur ce revenu, en y apportant l’économie convenable, ont été regardées, même des ministres, comme une très-grande ressource, dont on pourrait tirer parti, dans un temps ou dans l’autre, pour les besoins de l’État. On a dit que le gouvernement, en se chargeant lui-même de la régie des barrières et en faisant travailler les soldats moyennant un très-léger surcroît de paie dont ils seraient fort satisfaits, pourrait tenir les routes en bon état, à beau-